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DAKAR, Sénégal - une chaude journée d'été en Décembre 2015, Khady, une fille calme de 19 ans, approcha une foule animée composée de jeunes sénégalais sur une plage de Keur Massar, un quartier de la banlieue de  Dakar. Elle écouta attentivement les enseignements que les acteurs de la campagne Summer Tour #FagaruJotna donnaient aux jeunes spectateurs sur les préservatifs masculins et féminins, la nécessité d’avoir des services de planification familiale, l'importance de faire régulièrement le dépistage du VIH et d'autres infections sexuellement transmissibles (IST) et d'autres éléments essentiels de l’éducation complète à la sexualité.

A beach volleyball team prepares for a tournament organized by Summer Tour at Ngor beach, Dakar. ©UNFPA Senegal

 Puis, Khady, qui a révélé n’avoir jamais reçu une éducation sexuelle, s’est inscrite pour sa toute première consultation gynécologique. «Je suis très heureuse d’être venue ici aujourd'hui,» dit-elle. «Les nouvelles informations que j’ai reçues sont essentielles. J’ai beaucoup appris sur ma santé.»

Elle a ajouté que, même si beaucoup de jeunes sénégalais sont sexuellement actifs, il est très difficile pour eux de trouver des informations sur la santé sexuelle et reproductive, ce qui rend la campagne particulièrement précieuse pour elle et ses amis.

Elle s’est ensuite dirigée vers la plage pour rejoindre les 1.100 autres jeunes qui ont participé aux festivités  de la Campagne d’été qui ont eu lieu ce jour-là en plein air. Au programme il y avait un tournoi de football, un DJ et des prestations de musique rap en live faites par deux groupes locaux.

Surmonter les obstacles

Comme l’a indiqué Khady, au Sénégal, à l'instar de nombreux pays, il y a un manque de programmes sur la santé sexuelle et reproductive, et les discussions sur la sexualité ainsi que la distribution de préservatifs ne sont pas des pratiques courantes - bien qu’il y ait un besoin important chez les jeunes.

D’après le rapport UNFPA sur l'État de la population mondiale 2015, avant 19 ans, près d’une femme sénégalaise sur 10 ont eu un enfant mais seulement 18 pour cent de l’ensemble des femmes en âge de procréer déclarent avoir accès à une méthode de contrôle des naissances.

L’éducation complète à la sexualité permet aux jeunes d'acquérir les connaissances dont elles ont besoin pour prendre des décisions de manière responsable, et ceux qui n’ont pas accès à ces services essentiels sont plus vulnérables à la coercition, aux IST et aux grossesses non désirées.

Dans un effort de responsabilisation de la jeunesse nationale en ce qui concerne la prise de décision sur sa santé sexuelle et reproductive, des représentants de la Campagne Summer Tour #FagaruJotna - une initiative conjointe de Marie Stopes International, de l'ONG sénégalaise Parole aux Jeunes et l’UNFPA - ont envahi les plages des principales villes côtières du pays de Juillet à Décembre 2015, période pendant laquelle de nombreux jeunes sénégalais se rassemblent sur les plages pour échapper à la chaleur de la ville et se retrouver entre amis.

Atteindre les jeunes de façon efficace

La campagne a organisé des présentations de groupe, distribué des préservatifs et offert aux intéressés des services de planification familiale et des séances de dépistage pour les IST. Ils ont également organisé des manifestations sportives et musicales à chaque station pour sensibiliser les gens sur la campagne. 

En outre, le célèbre groupe musical sénégalais Bidew Bou Bess a composé une chanson phare pour la campagne intitulée «Fagaru Jotna». Fagaru Jotna signifie «Il est temps de se protéger» en wolof, une langue parlée dans tout le Sénégal.

«Il est temps de se protéger. Si vous évaluez tous les risques, vous n’irez pas jouer au football sans chaussures», chante Bidew Bou Bess en wolof, avec un rythme de danse animée. «Amusez-vous, mais aussi protégez-vous. Ne sacrifiez pas votre jeunesse».

 

En plus de la chanson, que le groupe Bidew Bou Bess a interprétée en live à l’occasion de deux événements du Summer Tour, la phrase a servi de hashtag pour la campagne, ce qui a permis au Summer Tour de partager des informations sur la santé sexuelle et reproductive et de vulgariser ses activités sur Facebook, Twitter et Instagram que les jeunes sénégalais utilisent beaucoup.

Avant fin Décembre, le Summer Tour #FagaruJotna a pu parcourir un total de neuf plages, en sensibilisant plus de 10.000 jeunes et en distribuant près de 20.000 préservatifs. Parmi ceux qui ont été sensibilisés, environ 2.000 ont profité pu recevoir des soins de dépistage et d’autres services.

«Les jeunes apprécient leurs traditions culturelles et leur religion, et tout d’un coup ils se sont rendus compte que le monde était en pleine mutation et qu’il fallait s’y préparer», explique Mandiaye Pety Badj, le fondateur de Parole aux Jeunes qui a travaillé avec l’UNFPA. «Le Summer Tour #FagaruJotna leur a offert un espace privilégié pour exprimer leurs idées, même sur des sujets délicats.»

 

 

– Maria Haapasalo