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NATIONS UNIES, New York — La grossesse chez l’adolescente est un problème mondial d’immenses proportions, en particulier dans les pays en développement où, chaque année, 7,3 millions de filles de moins de 18 ans mettent un enfant au monde. C’est ce que note le rapport sur l’État de la population mondiale 2013, rendu public aujourd’hui par l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population.

Sur ces 7,3 millions de mères adolescentes, 2 millio ns ont 14 ans ou moins, et ce sont elles qui, comme le note le rapport de cette année qui a pour thème «  La mère-enfant : face aux défis de la grossesse chez l’adolescente  », subissent les conséquences les plus graves et dans le long terme, pour leur santé et sur le plan social.

Le rapport accorde une attention particulière aux filles de 14 ans et moins qui sont exposés à deux fois plus de risques de décès maternel et de fistule obstétricale que les femmes plus âgées.

«  La mère-enfant  » propose de nouvelles perspectives sur la grossesse chez l’adolescente, en examinant non seulement le comportement des filles en tant que cause de la grossesse précoce, mais aussi les actions de leur famille, de leur communauté et des pouvoirs publics. 

« Trop souvent, note le Dr Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif de l’UNFPA, la société rejette tout le blâme de la grossesse sur l’adolescente, alors que la réalité, dans la plupart des cas, est que cette grossesse n’est pas le résultat d’un choix délibéré mais au contraire d’une absence de choix et de circonstances indépendantes de sa volonté. C’est une conséquence d’un manque ou d’une absence totale d’accès à l’éducation, à l’emploi et aux informations et aux soins de santé de qualité. »

Comme le signale le rapport, la grossesse précoce a des effets négatifs sur la santé, l’éducation et les droits des filles. Elle empêche celles-ci de réaliser leur plein potentiel et a des conséquences néfastes également pour l’enfant.

Et ce ne sont pas seulement les mères-enfants et leurs enfants qui en souffrent, mais aussi les communautés entières et l’économie de la nation.  Par exemple, si les plus de 220 000 adolescentes mères du Kenya avaient été employées au lieu d’avoir enfanté, le revenu brut du pays aurait pu augmenter de 3,4 milliards de dollars par an, soit le revenu de tout le secteur du bâtiment. Si les adolescentes du Brésil et de l’Inde avaient pu attendre d’avoir atteint la vingtaine pour avoir des enfants, la productivité accrue de ces deux pays aurait ajouté respectivement plus de 3,5 milliards de dollars et de 7,7 milliards de dollars à l’économie nationale.

Si le rapport conclut que le problème de la grossesse chez l’adolescente est bien plus grave dans le monde en développement que dans les pays développés, il constate que ce problème est aussi d’une ampleur considérable dans ces derniers. Aux États-Unis, par exemple, environ la moitié seulement des adolescentes qui tombent enceintes terminent leurs études secondaires avant l’âge de 22 ans, contre 90 % des adolescentes qui ne tombent pas enceintes; et ce problème a également des effets négatifs sur l’économie, son coût pour les contribuables américains étant de près de 11 milliards de dollars par an.

Malgré la nécessité absolue de prévenir la grossesse chez l’adolescente, le rapport constate que la communauté mondiale alloue moins de 2 % de l’aide au développement international aux adolescentes. Ce fait est particulièrement préoccupant lorsque l’on sait que la population adolescente actuelle est la plus nombreuse de l’histoire de l’humanité.

Toutefois, l’argent n’est qu’une composante de la solution. L’UNFPA plaide en faveur d’une approche globale des défis de la grossesse chez l’adolescente qui au lieu de porter sur la modification du comportement des filles vise à modifier les attitudes et les actions de la société dans laquelle elles vivent. L’approche préconisée consiste :

  • À favoriser la scolarisation des filles,
  • À mettre un terme au mariage d’enfants,
  • À modifier les attitudes relatives aux rôles attribués aux hommes et aux femmes et à l’égalité des sexes
  • À accroître l’accès des adolescents aux services de santé sexuelle et reproductive, y inclus à la contraception,
  • À offrir des appuis améliorés aux mères adolescentes.

« Nous devons réfléchir aux changements à apporter aux politiques et aux normes appliquées par les familles, les communautés et les pouvoirs publics qui font que les filles n’ont souvent pas d’autres options que la grossesse précoce, et encourager les parties prenantes à les modifier," a noté le Dr Osotimehin.  

"C’est ce que nous faisons à l’UNFPA et ce que nous continuerons de faire et de recommander jusqu’à ce que toutes les filles soient en mesure de décider du cours de son existence, de s’approprier leur avenir et de réaliser leur plein potentiel. »

 

L’UNFPA s’emploie à instaurer un monde où toutes les grossesses sont désirées, où tous les accouchements sont sans danger et où tous les jeunes peuvent réaliser leur potentiel.