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Sommet de la jeunesse africaine pour l’atteinte des ODD 2018

Sommet de la jeunesse africaine pour l’atteinte des ODD 2018

Actualités

Sommet de la jeunesse africaine pour l’atteinte des ODD 2018

calendar_today 07 Novembre 2018

Monsieur Mabingué Ngom, Directeur Régional de l'UNFPA

C’est pour moi un véritable plaisir de revenir à Accra, un mois tout juste après le franc succès de l’examen de la Déclaration d’Addis-Abeba sur la population et le développement en Afrique après 2014.

 

Avant toute chose, je tiens à remercier les organisateurs de ce sommet et mes amis les jeunes, de m’offrir cette merveilleuse occasion de vous parler de certaines problématiques qui passionnent un grand nombre d’entre nous, voire nous tous ici.

 

La population africaine se compose principalement de jeunes. En Afrique occidentale et centrale, plus de 64 % de la population a moins de 24 ans. Ce chiffre devrait rester stable au cours des 50 prochaines années en raison de la transition démographique que connaît la région de l’Afrique de l’ouest et du centre. Les jeunes sont LA ressource la plus précieuse de la région. L’Afrique ne peut s’épanouir que si vous, les jeunes, vous épanouissez.

 

Cependant, le potentiel des jeunes ne pourra se concrétiser que lorsque nous investirons dans leur éducation, leur santé, leurs compétences et leur responsabilisation, ainsi que lorsque nous leur offrirons un environnement propice dans lequel ils pourront faire des choix éclairés. Ces investissements, pris ensemble, sont les conditions sine qua non qui permettront à l’Afrique d’exploiter son dividende démographique.

 

Les jeunes d’Afrique occidentale et centrale se heurtent à d’énormes difficultés. Six des dix pays au monde qui pratiquent le plus le mariage des enfants se trouvent dans cette région : Burkina Faso, République centrafricaine, Tchad, Guinée, Mali et Niger, ce dernier présentant le plus fort taux de prévalence au monde avec 77 %. Cette région détient également le pourcentage le plus élevé (28 %) de femmes entre 20 et 24 ans ayant eu un enfant avant 18 ans, ainsi que le plus haut pourcentage (6 %) d’accouchements avant l’âge de 15 ans[1].

 

Les jeunes de l’Afrique subsaharienne sont toujours confrontées à des grossesses non désirées et à des pratiques nuisibles.

 

  • Le taux de natalité parmi les adolescentes est le plus élevé de la région de l’Afrique de l’ouest et du centre, avec 115 naissances pour 1 000 adolescentes, contre 44 à l’échelle mondiale. Cela s’explique par les nombreux besoins exprimés par les jeunes filles en termes de planning familial qui ne sont pas satisfaits. Dans les faits, plus de 50 % des besoins non assouvis en matière d’espacement des naissances sont exprimés par des jeunes filles de moins de 19 ans dans la région de l’Afrique occidentale et centrale.
  • La prévalence des MGF parmi les jeunes filles de 15 à 19 ans est de 24 %, alors que cette pratique est sur le point d’être abolie dans de nombreuses régions du globe.
  • Les jeunes représentent également une part importante de la migration clandestine et du terrorisme dans la région. Sur ce même territoire, les profils NTA montrent que même à près de 30 ans, les jeunes continuent d’être économiquement dépendants (leur consommation est supérieure à leur production). Cela est dû à un manque d’emplois ou à une rémunération très faible. Cet état de fait donne lieu à une migration à risque et attire des conflits toujours plus nombreux dans la région, tel que celui mené par Boko haram dans le bassin du lac Tchad.

 

Nous devons surmonter ces défis pour permettre aux filles et jeunes femmes d’exprimer leur plein potentiel.

 

Dans le cadre de la Décennie pour la jeunesse africaine 2009-2018 et de la Charte africaine de la jeunesse, un plan d’action a été adopté afin d’atteindre des objectifs spécifiques pour la jeunesse. En 2016, les Nations Unies ont adopté l’Agenda 2030 pour le développement durable, et ont notamment tenu compte de l’intégration et de la participation active des jeunes dans la réalisation des ODD.  Ces objectifs constituent un schéma directeur nous montrant comment, tous ensemble, nous pouvons mener des actions pour améliorer les vies de millions de personnes dans le monde.  Pour arriver à ces fins, nous devons opérer un virage fondamental.

 

En Afrique de l’ouest et du centre, la forte proportion des jeunes constitue une opportunité historique de mettre en marche le progrès et d’adopter des solutions innovantes permettant d’engager cette transition. L’un des enjeux fondamentaux réside dans l’exercice des droits des jeunes à participer à la vie politique, économique et sociale de leurs communautés et de leurs pays, et à pouvoir faire librement des choix réfléchis pour ce qui concerne leur corps, leur sexualité et leur reproduction sans discrimination, sans violence et sans contrainte.

Responsabiliser les jeunes, cela signifie leur donner les moyens de devenir des acteurs encore plus influents et encore plus productifs au sein de leurs sociétés. Pour ce faire, les pays doivent mettre un terme à toutes formes de discrimination des jeunes, notamment des adolescentes, à l’image des mariages forcés ou des mariages des enfants ou encore de la violence sexuelle, qui peuvent être à l’origine de grossesses non désirées, d’avortements dangereux et d’infections par le VIH, et peuvent nuire à leur avenir.

Au centre de ces efforts doit figurer la promotion de l’accès à l’éducation et aux services de santé, et plus particulièrement à la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’au planning familial. Il est essentiel de combiner ces interventions pour en finir avec le cycle intergénérationnel de la pauvreté, renforcer la résilience des populations face à l’ensemble de ces problématiques et saisir les opportunités de la nouvelle économie.

Les jeunes comme vous ouvrent déjà la voie aux innovations dans les domaines de la science et de la technologie, en faisant des choix réfléchis qui influencent considérablement les modes de consommation et de production, et se mobilisent pour rendre les entreprises, les organisations et les gouvernements plus responsables d’un point de vue social et environnemental.

Au cours de ces dernières années, l'UNFPA a fortement plaidé pour ce qui est aujourd’hui devenu une évidence parmi les principales parties prenantes en Afrique, à savoir que le cadre du dividende démographique procure une base stratégique pour concentrer et prioriser les investissements dans la population, et dans la jeunesse plus particulièrement, afin de parvenir à un développement durable. Le FNUAP a encouragé l’Union africaine, ainsi que la Banque africaine de développement, le NEPAD et d’autres encore, à mettre en œuvre la Feuille de route de l’Union africaine vers le dividende démographique qui a été validée lors du Sommet de l’Union africaine en janvier 2017, et dont la jeunesse est au cœur.

 

L'UNFPA prône et a entamé un dialogue politique de haut niveau avec les acteurs clés du dividende démographique, et n’a cessé de vouloir Faire passer les jeunes d’abord dans ce processus.

 

En offrant aux jeunes un accès choisi à une éducation appropriée qui leur confèrera les connaissances et les compétences nécessaires pour protéger leur santé et les préparer comme il convient au marché du travail, les obstacles du chômage et du sous-emploi s’estomperont, permettant ainsi aux jeunes de devenir des catalyseurs positifs du changement.

 

Notre rôle de soutien aux gouvernements et autres partenaires est essentiel pour définir des priorités, élaborer des stratégies et investir dans des politiques et des programmes qui amélioreront la vie des jeunes et déboucheront sur l’exploitation du dividende démographique.

 

Avec la Banque mondiale et 6 gouvernements du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie et Niger), notre initiative régionale Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) travaille à la résolution des problématiques telles que l’inégalité des sexes et à soutenir les demandes de femmes au regard de la reproduction, de la maternité, des soins néonataux et pédiatriques et des services de nutrition, ainsi qu’à leurs demandes en matière d’éducation et de formation.

 

En ce qui concerne les problématiques ayant une incidence sur les jeunes en raison des conflits et de l’instabilité du bassin du lac Tchad (Nigeria, Tchad, Niger, Cameroun), l'UNFPA a également collaboré avec les gouvernements de ces pays dans le cadre d’une approche multisectorielle afin d’encourager le développement d’initiatives à l’attention des jeunes, dans le but de réduire le risque de radicalisation et de veiller à ce que les jeunes puissent contribuer au développement de leurs pays.

 

Travailler main dans la main avec les organisations et les dirigeants de la jeunesse est essentiel. Dans cette optique, l'UNFPA a approfondi ses partenariats avec ces organisations et ces dirigeants en Afrique de l’ouest et du centre. En 2017, avec le soutien de la fondation Ford, l'UNFPA a organisé une Conférence des dirigeants de la jeunesse sur le thème du Dividende démographique, qui a rassemblé bon nombre d’entre vous en votre qualité de représentants et dirigeants des organisations de la jeunesse venus de toutes parts de l’Afrique de l’ouest et du centre afin d’identifier les actions à mettre en place pour soutenir la feuille de route de l’Union africaine vers le dividende démographique.

 

En 2018, l'UNFPA a piloté l’élaboration d’un état des lieux sur l’adolescence et la jeunesse qui fournit les données, éléments et analyses les plus récents sur les problématiques clés de l’éducation, de la santé, de l’emploi et de l’égalité des sexes qui touchent les adolescents et la jeunesse de la région. Cet état des lieux doit fournir aux décideurs politiques, aux responsables de la mise en œuvre des programmes, aux jeunes et à tous les autres acteurs majeurs les derniers éléments nécessaires à la définition des politiques et des programmes qui répondent aux besoins des jeunes, et en partenariat avec les jeunes. Cela s’inscrit en droite ligne avec le travail que nous souhaitons mener collectivement pour garantir l’atteinte des objectifs de développement durable en Afrique.

 

Placer la jeunesse au centre de nos engagements et de nos priorités de développement est indispensable car elle dispose d’organisations à travers le continent capables de mobiliser les jeunes et d’assurer leur participation pleine et entière aux efforts déployés pour exploiter le dividende démographique. L'UNFPA est fier de s’associer aux jeunes pour promouvoir leur implication et leur leadership, leur permettant de surmonter les obstacles, d’être à la pointe de l’innovation et de réaliser leur plein potentiel.

 

L'UNFPA appelle les gouvernements, les acteurs de l’aide au développement et les autres leaders d’opinion à mettre en place des politiques promouvant le développement et les droits humains de la jeunesse, et à évaluer les progrès réalisés dans le domaine des objectifs de développement durable qui ont trait aux adolescents et à la jeunesse. Les jeunes doivent être impliqués à part entière dans l’atteinte de ces objectifs.

 

Une adolescente qui a 10 ans aujourd’hui sera une adulte de 22 ans en 2030, quand les objectifs de développement durables devront être atteints. Nous devons nous assurer que sa route à travers l’adolescence et la jeunesse conduise à un futur rayonnant pour elle-même, sa communauté et le monde, pavé de droits reconnus, d’opportunités concrétisées et de promesse tenues.

 

Je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui devant les jeunes gens ici présents tandis que l'UNFPA fait passer Les jeunes d’abord et exhorte ses partenaires à en faire de même afin de s’assurer que nous construisions l’Afrique, et le monde, dont nous rêvons. Je continuerai à accompagner ceux que j’appelle mes amis, à veiller à ce que leurs voix soient entendues de toutes parts et à ce qu’ils contribuent activement à la poursuite des objectifs collectifs de développement durable.

 

[1] La mère-enfant : Face aux défis de la grossesse chez l’adolescente. État de la population mondiale 2013.