Cotonou, Bénin - Dans une ambiance conviviale, une soixantaine de femmes membres du personnel de l’ONU, ont répondu présent en tenues de sport à l'invitation d’EmpowerHER dans une salle d'hôtel transformée pour l’occasion en Dojo. Ensemble, elles s'apprêtent à vivre, une journée, particulièrement riche en apprentissage aussi bien sur le plan psychologique que physique. 

Au programme du jour, des sessions théoriques d’auto-défense mentale, des échauffements pratiques d’autodéfense physique ainsi que des marches avec des discussions de groupe pour aborder de manière ouverte la question des violences sexuelles, des abus et du harcèlement.

“Personnellement, c’est la première fois que je vois un tel élan de solidarité entre femmes” s’enthousiasme, Aminatou Sar, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Bénin.

Raviver la force des Amazones du Dahomey 

Lancé au Bénin durant les 16 jours d'activisme en 2024, le programme d’auto-défense EmpowerHER puise son inspiration dans la force et la résilience des Amazones du Dahomey qui constituaient un régiment militaire entièrement féminin de l’ancien royaume du Bénin. Ces guerrières, reconnues pour leur bravoure, sont particulièrement respectées pour leur force physique et mentale.

Initialement conçu pour le personnel féminin du Système des Nations Unies au Bénin, le programme fournit aux participantes les moyens de reconnaître les menaces, de retrouver la confiance en leur intuition, de poser des limites et de reprendre le contrôle face aux situations à risque.

À travers des sessions organisées en fin novembre et début décembre, UNFPA contribue ainsi à renforcer la résilience et l’autonomisation des femmes face aux violences sexuelles, aux abus et au harcèlement.

Au-delà de l’apprentissage des techniques physiques 

L’auto-défense ne se limite pas à l’apprentissage de techniques physiques de protection et de défense. C’est un véritable outil de transformation personnelle qui permet de développer la confiance en soi, la conscience de son environnement et la capacité à réagir efficacement face aux situations difficiles. L'autodéfense physique n'est utilisée qu'en dernier recours.

Apprendre à se dégager d'une emprise physique est capital pour l'autodéfense souligne M. Gbdao, psychologue, impliqué dans le projet EmpowerHER. Cependant, certaines femmes vivent des emprises mentales, dont elles n'arrivent pas à se libérer, par conséquent la dimension psychologique est fondamentale, poursuit-il. 

Au fil des sessions, les femmes développent un lien positif avec leur corps et prennent confiance en leurs capacités mentales, intuitives et physiques. 

“EmpowerHER m’a appris à me défendre avec force et confiance. Je me sens plus courageuse. Aujourd’hui, je peux mieux écouter mon intuition et utiliser mon corps et mon mental pour me protéger.” - Prisca Zodehougan, Volontaire des Nations au sein du bureau pays de l'UNFPA au Bénin. 

L’autodéfense est également un moyen scientifiquement prouvé, de surmonter le sentiment d'impuissance laissé par les abus pour les survivantes de violences sexuelles. 

Bien que l'autodéfense puisse être un outil d'autonomisation pour les femmes, il est crucial de rappeler que la responsabilité de la violence basée sur le genre et des agressions sexuelles incombe entièrement aux agresseurs, et non aux victimes.

Pendant les sessions, les femmes discutent de manière ouverte des questions d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuel dans un espace sûr. Un véritable esprit de solidarité se construit représentant pour les femmes un précieux soutien communautaire.

Il s‘agit d’une incroyable initiative à 360 degrés, réalisée par des femmes merveilleuses pour des femmes merveilleuses estime de son côté Giulia Lizzi, volontaire des Nations Unies à l’OMS.

Un projet pilote innovant qui vise s'inscrire dans la durée

Le projet EmpowerHER a vu le jour en remportant le défi d'innovation UNFPA PEAHS (protection contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels). 

Désigné comme l'un des trois projets les plus innovants de l’édition 2024, une subvention de démarrage a été allouée à EmpowerHER pour mener à bien des activités innovantes et porteuses de transformations. 

Au Bénin d’après l’Étude nationale sur la violence liée au sexe datant de 2022 , 45.9 % de femmes et 67.1 % de jeunes filles de 15 à 19 ans sont  touchées par les violences basées sur le genre. 

Face au succès rencontré et à l'enthousiasme suscité, l’équipe d’EmpowerHER ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

"Ensemble, nous pouvons jeter les bases de communautés plus sûres, plus résilientes et plus équitables, où chaque femme et chaque fille puissent s'épanouir dans la dignité" analyse Cathy Conzemius. 

Avec l’appui de partenaires tels que SASS Go et des agences du système des Nations unies, EmpowerHER sera étendu en 2025 pour atteindre les enfants, les adolescentes ainsi que les femmes et adolescentes vivant en contextes humanitaires.