KELO, Chad – KELO, Tchad - Quinze infirmières et sages-femmes sont assises dans une salle de classe spacieuse à Kelo, au sud du Tchad. Une salle d'accouchement de fortune a été installée au coin, avec des mannequins de femmes enceintes disposés pour suivre les différentes étapes de travail. La table était entourée de bébés en plastique, de placentas et de cordons ombilicaux.
Grâce à ces outils, avec un programme intensif, les travailleurs de la santé sont en train d’apprendre des techniques pour améliorer la survie des mères dans l'un des endroits où le taux de mortalité maternelle est très élevé.
Leur formateur, Savadogo Youssoufou explique avec beaucoup de patience comment identifier et traiter les complications qui peuvent survenir lors de l'accouchement. Il leur montre aussi comment assister les nouveau-nés en détresse.
Les grands défis
Selon les tendances du rapport de mortalité maternelle de l'année dernière, le Tchad enregistre le deuxième taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde. En plus le Tchad a le risque de décès maternel sur la durée de la vie le plus élevé: un chiffre impressionnant de 1 à 15.
L’un des problèmes majeurs réside dans le fait que l’effectif du personnel de santé au Tchad est faible. Dr. Youssoufou serait le seul gynécologue-obstétricien dans toute la région Tandjilé - une région qui, au moment du recensement de 2009, comptait près de 700.000 personnes.
Selon le rapport 2014 sur l'état de la population mondiale, seulement 17 pour cent des naissances dans le pays sont assistées par un personnel de santé qualifié, tel qu’un médecin, une infirmière ou une sage-femme ; et seulement 3 pour cent des femmes qui sont mariées ou qui vivent dans une relation utilisent une forme de contraception moderne - par ailleurs les contraceptifs réduisent aussi l'incidence de la mortalité maternelle.
Lorsque les femmes sont en mesure d’accéder à un centre de santé pour accoucher, le personnel de santé qu'elles rencontrent peut ne pas être correctement formé.
C’est à ce moment qu’intervient le Dr Youssoufou.
«Un de mes principales fonctions consiste à assurer la formation des travailleurs de la santé de la reproduction et d'améliorer leurs compétences dans différents domaines liés à la naissance de l'enfant, la planning familial ... et les services prénatals, » a t-il laissé entendre au cours d'une courte pause en classe.
En 2013, il a aidé à former 85 agents de santé. En 2014, il en a formé 30 environ.
« Souvent c’est trop tard”
Les bénévoles comme le Dr Youssoufou sont pris en charge par l’UNFPA, qui paie leurs salaires et les aide à se déplacer dans les régions, partageant leur expertise et leurs connaissances.
Dans la région voisine de Mandoul, à l'Hôpital régional de Koumra, un autre volontaire de l'ONU, Alkouma Ndiah, vient de terminer une césarienne et de sauver la vie de sa patiente.
A l’exemple du Dr Youssoufou, il est aussi le seul gynécologue qualifié de sa région.
Chaque mois, il effectue 12 opérations réussies comme celle qu'il vient de terminer, a t – il confié à l'UNFPA. Il voit de nombreuses complications de grossesses qui peuvent être traitées, mais du fait du manque de soins appropriés beaucoup de femmes arrivent généralement dans un état déplorable.
« Au moment où elles débarquent à l'hôpital, c’est souvent trop tard », a t-il dit.
Atteindre une masse stable
Les programmes de formation dirigés par le Dr Nadiah, le Dr Youssef et d'autres encore sont très pertinentes - non seulement dans les situations d'urgence, mais aussi pour la santé quotidienne des femmes.
Les sages-femmes et les infirmières ont été formées pour éduquer les communautés sur les avantages de la santé en matière de contraceptifs, par exemple. Ils encouragent également les femmes à recevoir des soins prénatals et, si possible, pour donner naissance grâce aux soins d'un professionnel qualifié.
Selon Molopal Pélagie, une sage-femme qui a participé au programme, les travailleurs de santé sont devenus plus performants.
C’est juste une partie de la multitude d’efforts pour améliorer la santé maternelle. L’UNFPA fournit également des ambulances, équipements hospitaliers, des outils de planification familiale et d'autres fournitures essentielles aux établissements de santé.
« En fin 2016 nous aurons une masse stable de sages-femmes bien formées – qui s’inscrit dans le cadre de la feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle dans le pays », a déclaré Rostand Njiki, un spécialiste de la santé reproductive qui travaille à l’UNFPA Tchad.