Yaoundé, Cameroun. Près de 180 sages-femmes et maïeuticiens (hommes exerçant la fonction de sage-femme), constituant la première promotion depuis la réouverture des écoles de sages-femmes, viennent de terminer avec succès leur formation dans les huit écoles de sages-femmes réparties sur l’ensemble du territoire national. L’ouverture de ces écoles ainsi que leur fonctionnement ont bénéficié d’un important appui technique et financier de l’UNFPA.
La relance de la formation des sages-femmes s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de renforcement des ressources humaines en santé de la reproduction, un des axes stratégiques majeurs de la Campagne d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (CARMMA) lancée en 2010 par le Cameroun. La mise en œuvre de cette campagne s’est faite à travers un programme conjoint entre cinq agences des Nations Unies – l’UNFPA, (Fonds des Nations Unies pour la population), l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la Banque Mondiale et ONUSIDA (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA) - et le gouvernement du Cameroun.
Combler le déficit
Il faut rappeler que la formation des sages-femmes avait été suspendue au Cameroun en 1987 sur décision du gouvernement suite à des contraintes budgétaires. Et en 2011, le Cameroun ne comptait que 122 sages-femmes diplômées dont seulement 4 dans le secteur public (Rapport 2011 sur la pratique de sages-femmes dans le monde) pour un besoin estimé à 5 400 selon les normes internationales. Ce déficit en sages-femmes explique, en partie, l’augmentation du ratio de mortalité maternelle ces dernières années. En effet, celui-ci est passé de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes à 782 décès entre 1998 et 2011 (Enquête Démographique de Santé II et IV).
Depuis la réouverture des écoles, la formation des sages-femmes est de plus en plus prisée par les jeunes pour qui c’était jusque-là une profession peu connue et inaccessible faute d’écoles dans le pays. Elle est également très appréciée par les responsables des établissements hospitaliers et les centres de santé car elle représente la promesse de pouvoir disposer d’un personnel compétent pour améliorer la prise en charge des femmes enceintes et réduire la mortalité maternelle.
Bénéficiant d’une formation de trois ans, les candidats à ce diplôme ont notamment appris à poser des actes tels que « l’accouchement normal, la détection des dystocies, les soins aux nouveau-né, la consultation prénatale recentrée, la gestion des urgences obstétricales et l’organisation d’une unité de panification familiale », selon une diplômée. Ils ont également retenu comme recommandation d’être toujours à l’écoute et d’avoir de l’empathie pour la patiente.
Dans tous les pays qui ont obtenu des améliorations spectaculaires dans la réduction de la mortalité maternelle, les sages-femmes et maïeuticiens bien formés ont été la clé du succès. Ils jouent un rôle essentiel dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement visant à réduire la mortalité maternelle et néonatale.
Pourtant, aujourd'hui, la profession de sage-femme recueille peu de reconnaissance, un maigre revenu, et des possibilités de carrière limitées. Ces facteurs pourraient freiner l’engouement initial des jeunes vers cette précieuse profession de la santé.
Le Cameroun doit préparer une réponse adéquate à cette préoccupation. C’est pourquoi, outre le programme de formation des sages-femmes, l’UNFPA s’investit également dans l’appui à l’insertion professionnelle de ces dernières dans le système de santé aux côtés des ministères de la Santé et de celui de la Fonction publique.
Sur le terrain pour renforcer l’assistance aux réfugiés
Depuis janvier 2014, le Cameroun fait face à un afflux massif de réfugiés centrafricains dans la région de l’Est. Cela a conduit à une augmentation de la population des zones d’accueil et localités hôtes. De plus, cette population de réfugiés comprend des femmes en âge de procréer dont de nombreuses femmes enceintes ainsi que de nombreux adolescent(e)s et jeunes.
Le manque de sages-femmes et de gynécologues-obstétriciens en vue d’une offre complète de services de santé maternelle et infantile, santé de la reproduction des adolescents, VIH/SIDA/IST, planification familiale et fistule obstétricale, y est devenu une préoccupation majeure.
Dans la réponse conjointe des Nations Unies à cette crise humanitaire, l’UNFPA se propose de renforcer son paquet d’interventions sur les sites des réfugiés de la région de l’Est en y déployant 23 sages-femmes et maïeuticiens nouvellement diplômés,à raison de deux par district de santé, pour trois mois.
Le but de cette stratégie est de contribuer non seulement à offrir des prestations de qualité en santé de la reproduction à l’endroit des différentes cibles mais également de renforcer les aptitudes pratiques des sages-femmes déployées.
Olive Bonga