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Le thème de la Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale retenu cette année, “Dépister les fistules – Transformer des vies”, illustre un important pas en avant vers l'éradication de cette affection qu'il est possible de prévenir et qui affecte environ deux millions de femmes et de filles dans les pays en développement.

La fistule obstétricale met en lumière la persistance des inégalités au niveau mondial dans l'accès aux soins de santé et aux droits humains fondamentaux. La plupart des femmes qui sont atteintes d'une fistule, c'est-à-dire une lésion dans la paroi vaginale généralement causé par l'arrêt d'un travail prolongé, ne sont jamais soignées de toute leur vie, et l'affection peut facilement survenir de nouveau chez les femmes et les filles qui ont été guéries par une opération chirurgicale, mais ne font l'objet que d'un suivi médical rare ou inexistant et sont de nouveau enceintes.

Pour traiter la fistule et offrir aux femmes des soins médicaux de suivi, il nous faut être mieux informés du nombre de femmes et de filles qui ont besoin de services, et aussi savoir où elles vivent. Le plus souvent, la stigmatisation contraint les femmes souffrant de cette affection à se cacher et les isole de leur famille et de leur communauté. En enregistrant et dépistant systématiquement chaque femme et chaque fille qui est ou a été atteinte d'une fistule obstétricale, nous pouvons avancer très vite dans l'amélioration de leur bien-être et donner des chances de survie beaucoup plus grandes aux bébés qui naîtront de futures grossesses.

Pour en finir avec la crise sanitaire que représente la fistule obstétricale, il faut amplifier les capacités nationales pour donner accès à des services de santé sexuelle et reproductive équitables et de haute qualité, notamment la planification familiale et les soins de maternité, et en particulier des soins obstétricaux d'urgence complets. Il est capital de dépister et de traiter tous les cas de fistule, mais il est également nécessaire que les pays prennent des mesures pour prévenir les fistules en remédiant aux causes médicales et socioéconomiques sous-jacentes, en éliminant les inégalités sociales et économiques fondées sur le genre, en prévenant les mariages d'enfants et les grossesses précoces et en promouvant l'éducation, surtout celle des filles.

Pour s'attaquer à la violation du droit à la santé et des droits humains que représente la fistule obstétricale, l'UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, de concert avec ses partenaires partout dans le monde, a lancé voici dix ans la Campagne mondiale pour éliminer les fistules. De grands progrès ont été accomplis.

Avec le soutien de l'UNFPA, 47 000 femmes et filles ont subi une opération chirurgicale réparatrice. Les organisations partenaires ont dispensé un traitement à un bien plus grand nombre de femmes et de filles qui en sont atteintes. Mais il reste beaucoup à faire, et un appui, un élan bien plus vastes sont nécessaires pour permettre à la Campagne d'étendre son action à tous les points reculés du monde où des femmes souffrant d'une fistule demeurent isolées et ignorent souvent qu'un traitement est disponible ou même possible.

Le moment est venu de mettre fin à la fistule obstétricale et de remédier aux circonstances qui la perpétuent, notamment la pauvreté, le manque d'accès aux soins de santé, les mariages d'enfants et les grossesses précoces. Nous avons les ressources et le savoir-faire requis. Ce dont nous avons maintenant besoin, c'est la volonté politique d’ élever la condition des femmes et des filles, de corriger les inégalités et de protéger les droits humains de chaque femme et fille, de telle sorte que la fistule ne puisse jamais plus ruiner la santé, le bien-être, la dignité d'une personne, ni son aptitude à participer et contribuer à sa communauté.

Par le Dr. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif de l'UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population