La Mauritanie, le Niger, le Mali, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont mobilisé des fonds substantiels pour l’amélioration de la vie des femmes et des jeunes filles, un pas essentiel en direction de la réalisation du dividende démographique.
Chaque pays a signé un accord de financement avec la Banque mondiale dans le cadre du projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique au Sahel. Ce projet vise à accélérer la transition démographique en vue de déclencher le dividende démographique et la réduction des inégalités entre les sexes dans le Sahel.
A moyen terme, il permettra d’améliorer le niveau d'autonomisation des femmes et des adolescentes et leur permettre d'accéder plus facilement à des services de santé reproductive, infantile et maternelle de qualité.
Il comporte trois volets : le premier porte sur l’amélioration de la demande pour la planification familiale et les services de santé maternelle et infantile. Le deuxième va mettre en place une capacité régionale pour la sécurisation des produits contraceptifs et de santé maternelle et infantile essentiels et la formation des agents de santé qualifiés tels que les sages-femmes. Le dernier volet renforcera l’engagement politique et la capacité des pays à élaborer des politiques, mettre en œuvre le projet et faire le suivi et l’évaluation.
La Mauritanie a ouvert la voie le 11 mars 2015 avec la signature d’un accord de 10,2 millions de DTS (droits de tirage spéciaux), effectuée par Sidi Ould Tah, ministre de l’Economie et du Développement et Gaston Sorgho, Directeur pays de la Banque mondiale en Mauritanie.
Le 23 mars 2015, le Niger a obtenu 53,5 millions de dollars américains pour apporter une « réponse immédiate et concertée (…) à la question de la démographie dans l’espace sahélien et à la préoccupation des plus hautes autorités des pays du Sahel, en accord avec la vision à long terme sur le devenir de nos Etats », a déclaré le ministre d’Etat, ministre du Plan, de l’Aménagement du territoire et du Développement communautaire, Amadou Boubacar Cissé, lors de la cérémonie, en présence du Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Niger, Paul Noumba Uma.
Le Niger, avec un taux élevé de croissance démographique largement supérieur à 3% selon les résultats du recensement général de la population et de l’habitat de 2012, fait face à une forte demande sociale en services essentiels de base notamment l’éducation, la santé et la nutrition, l’eau et l’assainissement qui limite considérablement les possibilités de l’Etat d’assurer la couverture de ces besoins primaires.
« A long terme, le projet vise à appuyer les efforts du gouvernement à réaliser un dividende démographique, c'est-à-dire une structure par classe d'âge, marquée par une plus forte proportion d'actifs, afin de générer des gains supplémentaires de croissance économique, à l'instar de plusieurs pays émergents » a expliqué Paul Noumba Uma.
Le 2 avril 2015 à Abidjan, la ministre ivoirienne chargée de l’Economie et des Finances, Kaba Nialé, et le Directeur des Opérations de la Banque mondiale, Diagana Ousmane, ont signé un accord d’un montant de 30 millions de dollars américains, soit environ 15 milliards de francs CFA, pour la Côte d’Ivoire. Le ministre d’Etat en charge du Plan et du Développement, le ministre de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, ainsi que le représentant par intérim de l’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, André Mayouya, ont participé à la cérémonie.
Kaba Nialé a relevé la nécessité pour la Côte d’Ivoire de « capitaliser sur sa démographie dans la perspective d’une croissance économique soutenue et durable ». Elle a ensuite indiqué que cette initiative aidera à augmenter le taux de scolarisation de la jeune fille.
Selon M. Diagana, ce projet « marque de nouveau la volonté de la Banque à accompagner la Côte d’Ivoire à valoriser davantage son capital humain pour en faire un vecteur de croissance durable et de lutte contre tous les facteurs de vulnérabilité et de fragilité ».
Le ministre d’Etat en charge du Plan et du Développement, Albert Mabri Toikeussse, a remercié l’UNFPA pour son accompagnement technique et financier qui a permis entre autres rendre opérationnaliser l’Office national de la population (ONP) et d’organiser les consultations nationales sur le dividende démographique.
Le 3 avril 2015, c’était au tour du Mali où l’accord d’un montant de 40 millions de dollars a été signé par le ministre de l’Economie et des Finances, Mamadou Igor Diarra, et le Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Mali, Paul Noumba Uma, en présence du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Population, de la ministre de la Promotion de la femme et de la famille ainsi que du Représentant de l’UNFPA au Mali, Makane Kane.
M. Diarra a indiqué que ce projet vise à accélérer la transition démographique et à réaliser ainsi les objectifs plus larges qui consistent à déclencher le dividende démographique. Selon lui, sa réalisation permettra, entre autres, l’autonomisation des femmes et des filles par une diminution du taux d'abandon scolaire au secondaire chez les filles, une amélioration des connaissances relatives à la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle chez les filles et les femmes participantes et une augmentation des activités génératrices de revenus chez les jeunes femmes participant au projet ainsi que l'accès aux produits contraceptifs de qualité et ceux de santé reproductive et maternelle de qualité.
Le Tchad s’est engagé, le 8 avril 2015, avec la ministre du Plan et de la Coopération internationale, Mariam Mahamat Nour, et le Représentant résident de la Banque mondiale au Tchad, Adama Coulibaly, en présence de personnalités comme la ministre de la Femme, de l’Action sociale et de la Solidarité nationale et le Chargé de Bureau de l’UNFPA. Le montant pour le Tchad est de 26,7 millions de dollars américains.
Le Burkina Faso a mis fin à la série de signatures le 21 mai 2015 quand Jean Gustave Sanon, ministre des Finances et Mercy M. Tembon, représentante résidente de la Banque mondiale, ont signé un accord d’une valeur de 34,8 millions de dollars, soit environ 17,4 milliards de francs CFA.
Mme Tembon a souhaité la ratification rapide du projet afin d’accélérer son entrée en vigueur dans les délais impartis et une mise en œuvre effective et efficace. « Le Burkina tiendra ses engagements » l’a rassurée Djénéba Sanou, secrétaire générale du ministère de la Santé, prenant la parole au nom de son ministre.
205 millions de dollars pour une durée de quatre ans
Le projet d’une valeur totale de 205 millions de dollars, sera exécuté sur une période de quatre ans. Il concrétise l’engagement pris par le Président de la Banque mondiale, Dr Jim Yong Kim et le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à agir pour l’autonomisation des femmes et la démographie dans le Sahel lors de leur visite historique dans la région en novembre 2013. Ils répondaient ainsi à l’appel lancé par le Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou.
L’UNFPA assure la coordination du projet et l’appui technique, à partir de son bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basé à Dakar, en relation avec les représentations dans les pays. Plusieurs partenaires dont l’Organisation Ouest-africaine de la Santé (OOAS ) interviendront dans ce projet.
Les six pays concernés comptent 101 millions d’habitants. Le Sahel dans son ensemble connaît l'extrême pauvreté, l'insécurité alimentaire récurrente, les sécheresses périodiques et une vulnérabilité interne due notamment aux conflits. Près d’un habitant sur deux vit avec moins de 1,25 dollar par jour. Plus de 11 millions de personnes sont sous la menace de la faim et 5 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. En dépit d’une bonne croissance économique ces dernières années, de 5 à 8 pour cent en moyenne, le PIB par habitant est resté bas, en partie à cause du profil démographique des pays. En effet, la fécondité reste élevée, avec un nombre moyen d’enfants par femme allant de 4,6 en Mauritanie à 7,6 au Niger. De ce fait, trois habitants sur cinq sont des jeunes de moins de 25 ans, souvent à la charge de leurs parents ou de la société. Le mariage et la maternité précoces (avant 18 ans) sont répandus et les taux de scolarisation, surtout des filles, sont parmi les plus bas en Afrique.
Le dividende démographique est la croissance économique accélérée qui peut être générée par une baisse des taux de mortalité et de fécondité d'un pays suivie d’une modification progressive de la structure par âge de la population : la population jeune dépendante devient de plus en plus petite par rapport à la population en âge de travailler. Avec moins de personnes dépendantes à soutenir, un pays a ainsi une fenêtre d'opportunité pour une croissance économique rapide, si elle est accompagnée par des politiques appropriées pour promouvoir le capital humain, l'emploi et les investissements en matière de santé, d’éducation et de gouvernance, notamment.
Avec la contribution des bureaux UNFPA des pays membres du Projet