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DES VIES BRISEES PAR LA FISTULE OBSTETRICALE

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DES VIES BRISEES PAR LA FISTULE OBSTETRICALE

calendar_today 20 Mai 2022

DES VIES BRISEES PAR LA FISTULE OBSTETRICALE
DES VIES BRISEES PAR LA FISTULE OBSTETRICALE

Kadiatou, 46 mariée (Mon mari voulait m’envoyer à Bamako pour le traitement mais son petit frère a dit non) J’ai attrapé la fistule à ma 9ème grossesse.

 

    Sur les huit précédentes, cinq enfants sont vivants et les quatre autres étaient des mort-nés. J’ai passé deux nuits de travail à la maison. J’ai toujours       accouché à domicile avec l’assistance d’une matrone. Je n’ai jamais fait de consultation prénatale. Après donc deux nuits de travail, j’ai été conduite au     CSCOM de Sidoba mais le bébé était déjà mort. De retour à mon village et dès le lendemain j’ai constaté un écoulement continu d’urine. Mon mari voulait m’envoyer à Bamako pour le traitement mais son petit frère s’y est opposé en affirmant que ce n’était pas aussi grave. Un an après, j’ai rejoint   Bamako où j’ai subi une réparation à l’hôpital Gabriel Touré et la deuxième a eu lieu à l’hôpital de Sikasso. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux.   

 

Hawa, 22 ans, mariée (je suis guérie et j’utilise le jadel) J’ai contracté ma première grossesse à 18 ans.

 

J’ai fini par accoucher par césarienne après avoir passé deux jours de travail entre les mains d’une accoucheuse traditionnelle. Le bébé n’a pas survécu. C’est au centre de santé de Bougouni que j’ai constaté que je n’arrivais plus à contenir mes urines. Mon mari m’a aussitôt amenée à Bamako où j’ai subi deux interventions dans la clinique du Pr Ouattara (un chirurgien très célèbre au Mali dans la réparation de la fistule obstétricale). Une 3ème opération a eu lieu à l’hôpital de Sikasso. Je me sens beaucoup mieux. Présentement j’utilise le jadel comme méthode de contraception

 

 

Sali,46 ans, mariée (le chirurgien était absent à mon arrivée au centre) J’ai fait 7 grossesses.

 

 La dernière a été contractée en Côte d’Ivoire où mon mari travaillait dans une plantation. Nous habitions assez loin     d’un centre de santé. Après un jour et demi de travail, j’ai été conduite dans un Centre de santé qui à son tour m’a référée   dans un autre centre, mieux équipé. Mais ce jour-là le chirurgien avait voyagé. Deux sages-femmes m’ont fait accoucher. Je   n’avais plus de force pour pousser. L’enfant était déjà mort bien avant l’arrivée au centre de santé. J’avais senti qu’il avait   arrêté de bouger. Nous sommes rentrés au Mali. A l’hôpital du Point G, j’ai subi trois interventions avec le Pr Ouattara et   trois autres au cours de la campagne du projet Fistula Mali mais je ne suis toujours pas guérie. Je ne veux plus faire   d’enfant  et pour cela j’ai décidé, pour la première fois, de me planifier en choisissant le jadel

                                      Fatoumata, 18 ans non mariée (Mes urines coulent toujours) A 16 ans, je suis tombée enceinte de mon petit ami

 

A l’époque, j’étais à Bamako pour apprendre la teinture. Après deux jours de travail à la maison, on m’a transportée à l’hôpital mais l’enfant ne vivait plus. C’est l’hôpital qui m’a informée des dégâts causés par le « long travail » que j’ai fait à la maison. J’ai dû attendre trois mois avant la première opération. L’auteur de la grossesse, bien qu’informé, n’est jamais venu me voir. C’est dans la journée que je perds beaucoup d’urine malgré quatre opérations déjà effectuées.

 

Djénéba, 46 ans (12 fois opérée et toujours malade) Mon mari avait deux épouses.

    Ma maladie a commencé en 91 avec la première grossesse. J’avais 18 ans et je n’avais jamais fait de consultation prénatale Après quatre jours de      travail à la maison, j’ai été conduite à l’hôpital de Sikasso mais l’enfant était déjà mort. Après deux mois passés à l’hôpital, je suis retournée en        famille. Je devais à nouveau revenir à l’hôpital, trois mois après. Mon mari a dit qu’il n’avait pas les moyens de me soigner. Mon père m’a alors      récupérée pour me faire traiter à l’hôpital Gabriel Touré à Bamako. Pour ce faire il a dû vendre quelques vaches et du pois sucré pour avoir un       peu d’argent. De 91 à 2016, j’ai subi douze interventions et je ne suis toujours pas guérie. Je ne veux plus en faire, je suis vraiment fatiguée. Je vis chez mes parents après mon divorce.`