Après plusieurs années de sensibilisation pour mettre fin à l'une des pratiques traditionnelles les plus néfastes pour la santé de la femme en Guinée Bissau, la campagne contre les mutilations génitales féminines/excision (MGF/E) dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest a connu une impulsion majeure en 2013 lorsque les autorités musulmanes du pays, à travers le Conseil national de la Conférence islamique, ont adopté un décret religieux ( fatwa ) rejetant les MGF/E parce qu’elles n’ont pas de justification islamique, juste deux ans après l’adoption d'une loi criminalisant la pratique.
La pratique persévère en raison d'anciennes croyances culturelles qui transcendent les religions dans un pays où 45 % des 1,6 million d'habitants sont musulmans et 13% chrétiens, tandis que le reste croit aux religions traditionnelles.
Le taux de prévalence des MGF/Excision est de 45% à 50% de femmes âgées entre 15 et 49 ans. Les MGF/E font partie des causes de mortalité maternelle.
L'adoption formelle de la fatwa, signée lors de la Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines en février 2013, est susceptible de conduire à une diminution significative de la pratique, et sa portée pourrait même être plus grande que l'adoption de la loi contre le MGF/E en juillet 2011.
Cela est dû au fait que la plupart des personnes qui continuent à pratiquer les MGF/E déclarent que la pratique a la bénédiction de l'Islam.
Grâce au travail sans répit du Comité national pour l'abandon des pratiques néfastes (CNPN ), du Conseil islamique et de l'Association des chefs religieux, avec l'appui du système des Nations Unies et la société civile, les principaux chefs religieux dont 150 imams, ont tous condamné la pratique des MGF/E.
Ils ont alors publiquement reconnu et signé la résolution, avec le président du Comité national pour l'abandon des pratiques néfastes (CNPN) et le président de l'Assemblée nationale populaire M. Ibraima Sori Djalo.
Les signataires de la résolution ont individuellement exprimé leur engagement à éradiquer cette pratique néfaste et ont déclaré qu'elle ne fait pas partie de la foi islamique.
L'approbation de la loi contre les MGF en 2011, et les récentes déclarations publiques d'abandon de la pratique par les communautés à Cambadju et Mansore Pirada contribuent toutes à la réduction de la pratique dans le pays.
Ces déclarations publiques faites en décembre 2012 et janvier 2013 sont le résultat d’efforts déployés par les partenaires nationaux et les activités du Programme conjoint UNFPA-UNICEF sur les MGF/E. Au total, quelques 157 communautés, soit 40 856 personnes se sont déjà engagées à abandonner les pratiques culturelles et sociales néfastes.
L'adoption formelle de cette résolution par la Conférence islamique nationale constitue une autre étape importante qui découragera davantage les communautés à s’adonner à cette pratique, et il faut l’espérer , à l'abandonner dans un proche avenir !
Bamba Gning et Muniro Conté