Dakar, Sénégal - La mortalité et la morbidité maternelles ont un impact négatif sur le capital humain et par extension sur le développement des pays. Pourtant, elles peuvent être évitées dans la plupart des cas. Un bon programme de santé, en particulier de santé de la reproduction, a un retour sur investissement pour la famille, la communauté, a déclaré Benoit Kalasa.
M. Kalasa, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’UNFPA, s’exprimait ainsi le jeudi 27 mars lors d’une conférence de presse conjointe des agences des Nations Unies qui interviennent dans la santé maternelle, néonatale et infantile, dans le cadre du Fonds français Muskoka. Il s’agit de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), de l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population) et de l’ONU-Femmes. Cette conférence de presse était consécutive à la réunion du comité de pilotage du Fonds français Muskoka qui s’est tenue du 24 au 28 mars à Dakar.
Kalasa a déploré le fait que l’Afrique de l’Ouest et du Centre porte le plus lourd fardeau de mortalité maternelle (33 pour cent) et infantile (30 pour cent) dans le monde alors que la région ne représente que 6 pour cent de la population mondiale. Il a aussi indiqué que la morbidité est le résultat des échecs dans les interventions ainsi que du non-respect des droits à la vie et à la dignité.
Le taux de mortalité infantile a reculé de 39 pour cent en Afrique de l’Ouest et du Centre au cours de ces vingt dernières années ; toutefois la réduction des indicateurs de la mortalité maternelle et infantile demeure cependant la plus lente au monde.
« Malgré des progrès récents, les taux de mortalité maternelle, néonatale et infantile en Afrique de l'Ouest et Centrale restent préoccupants », avait souligné M. Emmanuel Lebrun-Damiens du Ministère français des Affaires étrangères, lors de la réunion du comité de pilotage.
Le Fonds français Muskoka a été créé à la suite du Sommet du G8 tenu en 2010 à Muskoka. Il a pour but de réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile et d'accélérer l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 4 et 5 dans 10 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, Niger, République Démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo) et Haïti. La France y a investi 500 millions d'euros sur la période 2010-2015, dont 95 servant à soutenir le travail conjoint de quatre organisations des Nations Unies : OMS, UNICEF, UNFPA et ONU-Femmes en vue de renforcer les systèmes de santé des pays.
L’OMS se concentre sur les normes en matière de santé, les ressources humaines et le renforcement du système pharmaceutique, comme l’a rappelé à la conférence de presse Dr. Tigest Ketsela Mengistu, représentante du directeur régional Afrique de l’OMS.
L’UNFPA se focalise sur la santé maternelle, la santé sexuelle et de la reproduction y compris pour les jeunes et la planification familiale ainsi que l’achat des produits pour donner le choix du moment et du nombre d’enfants que chaque personne ou couple veut avoir. Il intervient aussi sur la qualité des soins avec les enquêtes sur les soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) pour déterminer la disponibilité des soins ainsi que l’audit des décès maternels.
M. Manuel Fontaine, directeur régional de l’UNICEF, a expliqué que son organisation se charge de la santé, de la nutrition et du développement de l’enfant. Il a révélé que chaque minute 107 enfants de moins de cinq ans meurent dans les pays qui bénéficient du Fonds Muskoka. Il a souligné la synergie des actions cohérentes et complémentaires des agences onusiennes dans le cadre dudit Fonds.
Selon le directeur régional adjoint de ONU-Femmes, M. Maxime Houinato, cette organisation accompagne le personnel de santé dans la réduction de la violence dans sa relation avec les femmes, la sensibilisation, la prise en compte du genre, la lutte contre les violences faites aux femmes notamment dans les centres de santé et la création de la demande.
M. Lebrun-Damiens a ajouté que le fonds souhaite que le travail conjoint des quatre agences onusiennes permette de développer des interventions communes ayant un impact décuplé sur la santé des femmes et des enfants dans les pays.
Selon Dr Nestor Azandégbé, président du Comité technique du Fonds français Muskoka et conseiller régional en santé maternelle et santé de la reproduction à l’UNFPA Afrique de l’Ouest et du Centre, « la santé des mamans et des enfants doit être mise au cœur des politiques nationales de développement… Au rythme actuel, la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre n’atteindra pas les OMD 4 et 5 en 2015. Nous devons donc, plus que jamais, unir nos efforts et travailler inlassablement à l’amélioration de la santé des femmes et des enfants maintenant, et au-delà de 2015 ».
En collaboration avec les gouvernements africains concernés et avec l’appui du Fonds français Muskoka, les quatre agences continueront à mettre en place des solutions simples, efficaces et connues qui sauvent la vie des mamans et des enfants via la prévention et le traitement des maladies de l’enfant ainsi que des complications de la grossesse et de l’accouchement.