Lomé (Togo) - Vingt-neuf années se sont déroulées avant que le Togo ne mène à bien son 4ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) avec l’appui financier et technique du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Les résultats lui ont permis de procéder à un redécoupage électoral en vue des élections législatives de juillet 2013 et les très prochaines élections locales.
Cette « discontinuité » dans le recensement fait suite à plusieurs reports depuis 1991, principalement à cause du climat politique national marqué par des troubles sociaux et la suspension de la coopération internationale par les principaux bailleurs de fonds.
Mis à part le côté technique du recensement, le RGPH a aussi des enjeux politiques car ses données sont cruciales dans les découpages administratifs et électoraux, notamment en ce qui concerne le nombre de sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale, la détermination des circonscriptions électorales, etc.
C’est ainsi que le nombre de circonscriptions électorales est passé à 30 et le nombre de sièges à l’Assemblée Nationale est passé de 81 à 91 avant les législatives de juillet 2013.
L’engagement du gouvernement a été capital
Tout a commencé en 2006 avec l’élaboration en avril de cette année du document de projet suite à une réunion stratégique d’information convoquée par le gouvernement togolais à l’intention des partenaires au développement, sur recommandation du chef de file, l’UNFPA.
Le gouvernement a accepté de supporter sur ses ressources propres une grande partie des coûts de l’opération, étant donné que l’objectif principal est la disponibilité de données fiables et désagrégées aux fins de planification et de suivi/évaluation des programmes de développement qui l’aideront dans sa politique.
Une ligne « Recensement Général de la Population et de l’Habitat » a alors été créée dans le budget général sur la période 2008-2012. L’Etat togolais a finalement assumé la plus grande partie (42,4%) du financement total évalué à 3,5 milliards de FCFA (7 millions de dollars), suivi de l’UE (33,7%), l’UNFPA (18,0%), le PNUD (3,9%), la Chine (1,3%) et l’UNICEF (0,6%).
Le cabinet du Président de la République a suivi de près l’opération ce qui a facilité la résolution rapide des difficultés rencontrées au cours du processus.
Par ailleurs, le gouvernement a invité les partenaires financiers à se rendre sur le terrain pour constater le bon déroulement du dénombrement. Ainsi, l’Ambassadeur de l’Union européenne au Togo, M. Patrick Spirilet et le Représentant Assistant de l’UNFPA ont été chacun sur le terrain, avec la Ministre de la Planification du Développement et de l’Aménagement du Territoire. Ces sorties médiatisées ont contribué à sensibiliser et à rassurer les populations et permis leur pleine adhésion à l’opération, ainsi qu’à encourager les agents de terrain.
Le positionnement stratégique et le rôle catalyseur de l’UNFPA/Togo
Le rôle joué par l’UNFPA dans l’organisation et la conduite du 4ème RGPH a été déterminant. Ce leadership a été reconnu par toutes les parties prenantes. En effet, l’opération n’est devenue réalité que grâce au dialogue politique mené par le Bureau-pays pour convaincre les décideurs politiques nationaux de l’importance des données pour la planification, la mise en œuvre et le suivi/évaluation des politiques et programmes de développement du pays. De plus, l’UNFPA a été à la pointe du plaidoyer pour la mobilisation des ressources auprès d’autres partenaires au développement.
La signature du document de projet par le gouvernement togolais et l’UNFPA le 23 février 2007 et le décret du 21 juillet 2008 portant organisation du 4ème RGPH ont mis en confiance les partenaires au développement qui ont senti dès lors la détermination des autorités nationales à conduire cette opération ainsi que le rôle primordial de l’UNFPA. Aussi, l’UE a-t-elle confié à l’UNFPA la gestion de sa contribution de 1 975 000 euros.
Conformément aux directives de la série 2010 de recensements, les résultats préliminaires ont été livrés en avril 2011 soit cinq mois après le dénombrement et les résultats définitifs globaux en décembre 2011, soit un an après le dénombrement.
Quelques résultats majeurs du 4èmeRGPH
Le nombre d’habitants résidents en 2010 est de 6 191 155 contre 2.719.567 habitants en 1981, soit un taux de croissance annuel moyen de 2,8% sur la période ; la population togolaise a donc plus que doublé en 29 ans.
Toutefois la structure par sexe est restée quasiment inchangée avec 51,4% de femmes et 48,6% d’hommes contre 51,3% et 48,7% respectivement en 1981. La population reste majoritairement rurale avec 62,3% contre 37,7% d’urbains.
La population togolaise est jeune avec 60% de moins de 25 ans et 42% de moins de 15 ans ; la population active potentielle (15-64 ans) représente 54% de l’ensemble tandis que les personnes âgées - 60 ans et plus – constituent 5,5%.
Dans l’ensemble, on constate une modification significative de la structure par âge de la population : en effet, en 1981, les moins de 25 ans représentaient 67% de l’ensemble contre 60% en 2010 ; les moins de 15 ans représentaient 50% en 1981 contre 42% en 2010 ; cette évolution structurelle confirme la baisse de la fécondité observée depuis quelques années.
Une fois encore, l’UNFPA a joué son rôle de chef de file. En effet, l’UNFPA aide les pays à collecter, traiter et utiliser les données démographiques pour prévoir les défis futurs.
Avec la contribution de Mensah Kanazogoh, Chargé de programme en population et développement, UNFPA Togo