Johannesburg (Afrique du sud) Les États membres de l'Union africaine ont adopté un plan d’action concret pour accélérer l’amélioration de la santé maternelle, néonatale et infantile en Afrique au terme de la première Conférence Internationale sur la Santé Maternelle, Néonatale et Infantile (SMNI) en Afrique, tenue à Johannesburg en Afrique du Sud du 1er au 3 août 2013.
La Conférence, organisée par la Commission de l'Union Africaine et le gouvernement sud-africain pour échanger les bonnes pratiques, renforcer la coopération Sud-Sud et pousser les pays à l’action, a réuni environ 500 délégués, dont 28 ministres africains de la santé ainsi que des représentants des agences des Nations Unies telles que l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population), l’OMS et l’UNICEF, des partenaires au développement et des organisations de la société civile.
La tenue de cette conférence avait été décidée lors de la réunion de haut niveau de la Campagne pour l'Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique ( CARMMA ) en janvier 2013 en marge du 20ème sommet de l’Union africaine.
Représentant le Secrétaire général de l’ONU, le Directeur exécutif de l’UNFPA, Dr Babatunde Osotimehin a déclaré à l’ouverture que « c'est grâce à l'engagement et au soutien de l'Union africaine que moins de femmes meurent en couches en Afrique et que plus d'enfants vivent jusqu'à l'âge adulte contrairement à ce qui se passait il y a 20 ans, voire 10 ans ». Il appartient maintenant aux États membres de passer de la politique à l'action a-t-il ajouté.
Dr Osotimehin a par ailleurs exhorté les délégués à ramener chez eux le message suivant : « Chacun de nous peut faire la différence là où il se trouve. Faites en sorte d’atteindre les femmes, de fournir les services de planification familiale et que chaque femme enceinte puisse accoucher sans danger ».
«Le principal message que les délégués doivent retenir de cette rencontre est que chacun peut changer les choses dans nos domaines d’intervention respectifs. Assurez-vous que vous pouvez atteindre les femmes, fournir des services de planification familiale, et s’assurer qu’une femme enceinte peut accoucher en toute sécurité. "
Pour sa part, la présidente de la Commission de l’Union Africaine (CUA), Dr Nkosazana Dlamini-Zuma a estimé que l’Afrique peut trouver les ressources nécessaires pour éradiquer la mortalité maternelle et néonatale si elle fait de celle-ci une priorité et y met la volonté politique.
«Lorsque nous choisissons d'agir ensemble, nous agissons résolument. Dépenser des ressources pour sauver des vies n'est pas une dépense mais un investissement pour notre humanité commune », a-t-elle dit.
Dans son allocution d’ouverture, le président sud-africain Jacob Zuma a reconnu qu’après 50 ans d’indépendance, il était primordial pour l’Afrique d’inclure l'amélioration de la santé maternelle et infantile dans ses acquis.
« En tant que leaders, nous est en notre pouvoir de tout faire pour qu’aucune femme ne meure en donnant la vie » a-t-il souligné.
Pendant trois jours, les délégués ont participé à des tables rondes et des sessions sur les innovations en santé maternelle, néonatale et infantile, les questions de financement et des ressources humaines dans ce domaine, l’implication des communautés et des hommes, les interventions stratégiques visant à améliorer la santé du nouveau-né et de l’enfant, l’investissement de la santé des adolescents et des jeunes, le suivi et l’évaluation ainsi que la redevabilité pour la santé de la mère et de l’enfant.
Une discussion sur la programmation basée sur les droits pour la SMNI a été animée par le Directeur exécutif adjoint de l’UNFPA, Mme Kate Gilmore. Ce débat a souligné le rôle d'une approche basée sur les droits humains dans le cadre d'une stratégie globale de promotion de la santé maternelle et infantile en Afrique, et dans le programme de développement pour l’après 2015.
Investir dans la jeunesse est crucial pour la santé mondiale
Le représentant de l’UNFPA pour l'Afrique du sud, Dr Julitta Onabanjo, a dirigé une séance sur le thème « Investir dans la jeunesse et la santé des adolescents », pendant laquelle elle a déclaré que l'investissement dans les adolescentes était crucial pour atteindre les objectifs de santé au plan mondial.
Les adolescents ont besoin d'une éducation à la sexualité complète, exacte et appropriée à leur développement. Il faut faire davantage dans le renforcement des capacités pour que le secteur de la santé fournisse des services adaptés aux adolescents. Les États doivent créer un environnement politique, judicaire et favorable qui soutienne l’accès à la contraception et à la prévention des grossesses précoces chez les jeunes filles.
Tableaux de bord pour améliorer la santé et la responsabilisation
Le ministre éthiopien de la Santé, Dr Kesetebirhan Admasu, a présenté l’expérience de l'Ethiopie pour la responsabilisation et l'action, dans le cadre de l’engagement du pays à mettre fin à toutes les maladies évitables en matière de santé infantile. Le tableau de bord " nous a vraiment aidé à améliorer nos acquis, car il nous permet de suivre et d'améliorer les performances dans le pays", a-t-il dit.
Le Directeur de l’UA chargé des affaires sociales, Olawale I. Maiyegun, a fait la promotion de la responsabilisation sur le continent. Il a souligné que la responsabilisation devrait être à tous les niveaux du haut au bas de l’échelle des communautés bénéficiaires. Il a exhorté tous les autres États membres à mettre en place un tableau de bord, comme l’a fait l'Ethiopie, au niveau national et des régions.
Au terme de trois jours d’intenses travaux, les délégués ont adopté un plan d’action pour accélérer la réduction de la mortalité des mères, des nouveau-nés et des enfants en Afrique.
Les conclusions de la conférence ont été présentées au cours de la cérémonie de clôture le 3 août sous la forme d’un Plan d'action pour mettre fin à la mortalité maternelle, néonatale et infantile. Le communiqué final a été lu par la ministre ougandaise de la santé, Dr Ruhakana Rugunda.
La Directrice générale adjointe de l’OMS en charge de la santé de la famille de la femme et de l'enfant , Dr Flavia Bustreo, a déclaré que cette conférence constitue un « grand pas en avant » qui marque l’engagement des dirigeants africains pour mettre fin à la mortalité maternelle et infantile.
Le Directeur exécutif adjoint de l’UNFPA chargé des Programmes, Mme Kate Gilmore, s'exprimant au nom du Dr Osotimehin à la séance de clôture, a lancé un appel pour que les adolescents et jeunes soit pris en compte dans l'agenda de la santé de la mère et de l’enfant.
«Nous ne pouvons pas ne pas les [jeunes] inclure. Le prix à payer est trop élevé pour prendre ce risque... C’est une priorité de les responsabiliser pour qu’ils tiennent leur place à la table de négociation. Un message que nous avons reçu est bien celui-ci: pour une fille âgée de 10 ans, demain c’est aujourd'hui ; si vous changez la vie de cette petite fille, vous changerez le monde", a ajouté Mme Gilmore.
La question de la violence contre les femmes a également été mise en avant avec l’intervention de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés, Mme Zeinab Bangura pour qui «le développement socio-économique est affecté chaque fois le corps de la femme est réduit à un champ de bataille. L'appel à l'action pour réduire la mortalité et la morbidité maternelle et infantile doit être aussi un appel à la paix sur le continent [africain]".
Selon le commissaire de l’UA chargé des Affaires sociales, Dr. Mustapha Sidiki Kaloko, malgré les énormes progrès réalisés au cours des deux dernières décennies pour réduire la mortalité maternelle et infantile, les efforts restent insuffisants pour l’atteinte des OMD 4 et 5, en dépit de politiques adéquates.
«La réussite de toute entreprise humaine est l'apanage de ceux qui persévèrent. Menons cette cause à terme avec ténacité, afin d'assurer la mise en œuvre du plan d'action [...] pour le bien de nos femmes et les perspectives de ce continent", a ajouté le commissaire de l’UA.
Pour sa part, le ministre sud-africain de la Santé, Dr Aaron Motsoaledi, a exhorté les délégués à s'assurer que les outils et le processus partagés seront mis en œuvre, notamment pour réduire le taux de mortalité de nouveau-né qui reste obstinément élevé sur le continent.
L’UNFPA a apporté un soutien technique et financier important à l’organisation de la conférence. Il était représenté par une délégation de haut niveau conduite par le Directeur exécutif et comprenant la Directrice, le Directeur régional pour l'Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), M. Benoit Kalasa, la Directrice régionale adjointe pour l'Afrique de l’Est et australe (ESARO), Mme Lina Mousa, le Directeur régional pour les Etats Arabes (ASRO), M. Mohamed Abdel-Ahad et le chef du bureau de liaison pour l'Afrique, M. Serge Bounda. Plusieurs représentants UNFPA dans les pays (Bénin, Niger, Sierra Leone, Afrique du Sud pour ne citer que quelques-uns, ainsi que des conseillers régionaux et experts du Siège en santé maternelle, VIH et communication faisaient partie de la délégation.
Il faut noter que quelques 170 participants ont pris part à un atelier préparatoire organisé par l’UNFPA, sur le Système de Réponse et de Surveillance de la Mortalité Maternelle (MDSR).
En marge de la conférence, le Directeur exécutif de l’UNFPA a eu des rencontres avec des ministres. Il a également participé à un dialogue avec une trentaine de jeunes venus de plusieurs pays africains le 2 août pour les écouter et partager avec eux la vision de l’UNFPA pour les jeunes et son action dans les prochaines années pour donner aux jeunes de meilleures chances pour réaliser leur potentiel.