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Le Projet d’autonomisation des femmes du Sahel et de dividende démographique, financé à hauteur de 200 millions de dollars par la Banque mondiale, est destiné au Burkina Faso, à la Côte d’Ivoire, au Mali, à la Mauritanie, au Niger et au Tchad. Prévu pour durer 4 ans, son objectif est d’améliorer les possibilités économiques des femmes et des jeunes filles, qui en sont les principales bénéficiaires, et de réduire, de façon volontaire, la fécondité.

Ce projet concrétise l’engagement pris par le Président de la Banque mondiale, Dr Jim Yong Kim et le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban Ki-moon à agir pour l’autonomisation des femmes et la démographie dans le Sahel lors de leur visite historique dans la région en novembre 2013. Ils répondaient ainsi à l’appel lancé par le Président du Niger, M. Mahamadou Issoufou.

Dans le cadre de la préparation du projet, les deux organisations internationales se sont réunies à Dakar avec leurs partenaires et experts techniques, les 7 et 8 juillet 2014, pour déterminer les actions prioritaires et élaborer les modalités de mise en œuvre. Ces travaux ont été suivis, le 9 juillet, par une conférence régionale de haut niveau à laquelle une dizaine de ministres des pays concernés ont pris part.

Il faut rappeler que le Sahel est caractérisé par l'extrême pauvreté, l'insécurité alimentaire et une vulnérabilité interne due notamment aux conflits et aux sécheresses. Ainsi, près d’un habitant sur deux vit avec moins de 1,25 dollar par jour ; plus de 11 millions de personnes sont sous la menace de la faim et 5 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. La croissance économique a généralement été bonne mais la pauvreté persiste, en partie à cause du profil démographique des pays. Cependant, le Sahel peut capitaliser sur sa démographie et récolter les avantages du dividende démographique.
Le dividende démographique est la croissance économique accélérée qui peut être générée par une baisse des taux de mortalité et de fécondité d'un pays suivie d’une modification progressive de la structure par âge de la population : la population jeune dépendante devient de plus en plus petite par rapport à la population en âge de travailler. Avec moins de personnes dépendantes à soutenir, un pays a ainsi une fenêtre d'opportunité pour une croissance économique rapide, si elle est accompagnée par des politiques appropriées pour promouvoir le capital humain, l'emploi et les investissements en matière de santé, d’éducation et de gouvernance, notamment.

Le Directeur régional de l'UNFPA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, M. Benoît Kalasa, a précisé que cette initiative n'est pas isolée. En effet, a-t-il ajouté, « elle accompagne d'autres actions en cours d'exécution. Nous voulons amener les responsables politiques à accepter l'autonomisation des femmes comme point de départ et conjuguer les efforts afin de permettre aux femmes et aux jeunes filles d’agir sur la composition des familles et de pouvoir prendre des décisions. Notre souhait est de garder les filles plus longtemps à l'école, pour minimiser les risques de mariages précoces, et leur assurer une bonne éducation et une autonomie financière ».

Le Directeur sectoriel santé, nutrition et population pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de la Banque mondiale, Mme Trina Haque, a pour sa part expliqué que la conférence permettait de « confirmer à nouveau notre engagement relatif au dividende démographique. Nous devons soutenir cette fenêtre d’opportunité pour accroître la croissance économique. Cette dernière ne pourra se réaliser qu’en investissant dans le capital humain et en allant vers une transition démographique ».

Amadou Boubacar Cissé, ministre d'Etat nigérien du Plan, de l’Aménagement du territoire et du Développement communautaire, s’exprimant à l’ouverture de la conférence de haut niveau, a indiqué que les pays du Sahel faisaient face à un défi commun. Il s’est réjoui de la réponse collective suite à l’appel de Niamey et a souligné que « cette première rencontre régionale est utile parce qu’elle nous permettra de nous accorder sur les priorités pour le projet régional sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique et ainsi de définir les grandes lignes du dispositif de coordination institutionnelle au niveau régional ». « Je réitère l’engagement du gouvernement du Niger à accélérer le processus de la transition démographique dans un cadre régional. Le G5 Sahel (ndlr : groupe de 5 pays du Sahel) a inscrit la transition démographique comme condition incontournable du développement du Sahel », a-t-il poursuivi.

La première des trois composantes du projet d'autonomisation des femmes du Sahel est relative à l’amélioration de la demande pour la planification familiale et les services de santé maternelle et infantile.

La deuxième composante vise à mettre en place une capacité régionale pour la sécurisation des produits contraceptifs et de santé maternelle et infantile essentiels et pour la formation des agents de santé qualifiés tels que les sages-femmes.

Enfin, la dernière composante met l’accent sur le renforcement de l’engagement politique et de la capacité à élaborer des politiques, à mettre en œuvre le projet et à effectuer le suivi et l’évaluation.
En sa qualité de représentant du pays présidant l’Union africaine, le ministre mauritanien des Finances, M. Diombar Thiam, a mis fin aux travaux de la conférence qui s’est achevée avec l’engagement des six pays en faveur du projet et la promesse de le mettre en route dès janvier 2015.