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Dakar, le 09 juillet 2020 - Le Bureau régional du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre a tenu une conférence virtuelle ce mercredi 08 juillet 2020 portant sur l'impact de la COVID-19 sur les Violences Basées sur le Genre en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’animation du webinaire s’est focalisée sur des études de cas de deux pays à savoir le Cameroun et le Mali.

Dans chacun des deux pays, les évidences exposées démontrent qu’il y a eu une augmentation des cas de violence basée sur le genre pendant les périodes de confinement durant la pandémie de coronavirus (COVID-19), dans les pays ayant appliqué des mesures restrictives pour freiner la propagation du virus.

Dans son propos liminaire, Mabingue Ngom, le Directeur régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a affirmé : « les études croisées relatives aux Violences Basées sur le Genre menées en Afrique de l'Ouest et du Centre ont montré une forte corrélation entre la COVID-19 et la vulnérabilité socio-économique accrue des femmes et des filles, en particulier dans les sociétés à économie faible et informelle ».

Présentant les résultats d'un système de gestion de l'information sur la violence basée sur le genre au Mali, le représentant de l’UNFPA dans le pays, Dr Eugene Kongnyuy, a indiqué qu'il y avait une augmentation de 35% de la violence basée sur le genre en avril 2020, avec 484 cas contre 317 en avril 2019. Il a noté que ces données ont été collectées auprès de 13 partenaires (2020), contre 32 prestataires de services de la même période en 2019.

Il a noté que toutes les personnes interrogées voient des liens indéniables entre COVID-19 et la tendance à l'aggravation de la violence sexiste. La perturbation des activités génératrices de revenus et des services essentiels, y compris la fermeture des écoles, a exposé les femmes et les filles à l'exploitation sexuelle et au viol.

Dans sa présentation des résultats de l’enquête menée au Cameroun, la Représentante de UNFPA, Madame Siti Batoul Oussein, a indiqué que 62% des femmes interrogées perçoivent des impacts négatifs de la pandémie de COVID-19 dans la lutte contre les violences basées sur le genre ; 96% estiment que leurs communautés auraient peur de fréquenter les centres de santé en cas d’augmentation accrue des taux d’infection à cette maladie; entre temps, 55 sur 100 centres de santé interrogés déplorent le manque de kits complets post-viol pour prendre en charge les besoins grandissant des survivantes de violences. Ces tendances s’ajoutent à une situation humanitaire déjà critique du fait notamment des conflits armés dans les Régions du Sud-Ouest, du Nord-Ouest et de l’Extrême-Nord.

 

 

Les deux Représentants ont énuméré quelques initiatives qu’ils réalisent sur le terrain. C’est le cas du « One Stop Center » qui permet aux victimes de VBG de bénéficier d’un accompagnement psychologique en plus d’une aide socio-économique au Mali. Au Cameroun l’intégration des VBG, de la planification familiale, des adolescents et jeunes et de la santé mentale a été systématisée dans le paquet global de la santé sexuelle et reproductive. Ils ont également présenté quelques recommandations dont l’intégration de la COVID-19 dans la réponse humanitaire, le pré positionnement de kits post viol, la mobilisation communautaire, le plaidoyer et plus de mobilisation des ressources pour faire face aux besoins sans cesse grandissants.

 

Au terme des échanges qui ont suivi ces présentations et auxquels a pris part Madame Beatrice Eyong, Représentante de UN Women au Mali ainsi que soixante-quinze autres participants, Monsieur Mabingué Ngom a lancé un appel pour que la lutte contre le fléau que constituent les VBG se poursuive : « la lutte contre les VBG doit se poursuivre et se renforcer plus que jamais ».

 

Note à la rédaction

En effet, une étude globale menée par l'UNFPA, avec des contributions d'Avenir Health, de l'Université Johns Hopkins (États-Unis) et de l'Université Victoria (Australie) conforte les propos de Mabingue Ngom. Elle estime que la pandémie COVID-19 devrait entraîner une réduction d'un tiers des progrès vers l'élimination de toutes les formes de violence basées sur le genre à savoir la violence conjugale, la violence sexuelle, le mariage d'enfants et les mutilations génitales féminines d'ici 2030. Chaque trois mois environ 15 millions de femmes seraient victimes à travers le monde dans un contexte de confinement.

  1. Dans le Plan mondial de l’UNFPA pour faire face à la pandémie de COVID-19, l’agence se focalise sur trois domaines stratégiques:
    Continuité des services et des interventions en matière de santé sexuelle et procréative, y compris la protection des personnels de santé ;
  2. Lutter contre la violence basée sur le genre
  3. Assurer l'approvisionnement en contraceptifs modernes et autres produits de santé génésique reproductive

Par violence basée sur le genre, nous nous référons à la définition de la plate-forme d'action de Pékin, qui fait référence à toutes les formes de violence qui frappent les femmes, les filles, mais aussi les hommes et les garçons peuvent être victimes, en raison de la relation de pouvoir inégale entre elles et les auteurs de ces violences. Les femmes et les filles sont principalement victimes de violence basée sur le genre en raison des normes sociales qui légitiment et soutiennent le pouvoir des hommes sur les femmes.

 

Contact : Habibou Dia| Media Specialist, UNFPA WCARO | dia@unfpa.org | Tel: +221 78 620 45 13