Bamako, Mali. Depuis décembre 2014, le rituel est le même à l’aéroport international de Bamako-Sénou. Tous les passagers, au départ comme à l’arrivée, sont soumis à une prise de température accompagnée de sensibilisation par des agents recrutés par l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population, dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola au Mali.
Ces 20 « agents de santé Ebola » mis à la disposition de l’aéroport pour effectuer les contrôles sont des sages-femmes, des techniciennes supérieures de la santé et des infirmières-obstétriciennes reconnaissables par leurs casquettes et polos sur lesquels sont imprimés des messages de sensibilisation sur Ebola.
Elles participent activement à la lutte contre Ebola dont le Mali a enregistré son premier cas en octobre 2014 avec une fillette venue de la Guinée et décédée dans la région de Kayes, à l’ouest du pays.
En novembre 2014, alors que la recherche et le suivi des contacts de l’enfant n’avaient pas permis de déceler de cas supplémentaires liés à cette jeune patiente, un deuxième cas était enregistré à Bamako avec l’arrivée, également de la Guinée, d’un homme porteur du virus mortel. Ce dernier a contaminé directement ou indirectement sept personnes, dont cinq sont mortes et deux guéries.
Pour éviter de nouveaux cas, l’UNFPA participe activement au dispositif de lutte contre Ebola mis en place au Mali. Le Fonds contribue notamment avec ces agents en poste à l'aéroport. Car, la capitale malienne est desservie par plusieurs compagnies aériennes internationales et il était important de ne pas isoler le pays. D’ailleurs, en décembre dernier, l’aéroport de Bamako-Sénou a connu beaucoup de mouvements avec une moyenne de 620 passagers par jour. Les statistiques officielles, révèlent par ailleurs qu’en 2014, l’aéroport a enregistré plus de 602 000 passagers qui y ont transité.
Un rythme déjà bien établi
Chaque jour, à tour de rôle, deux équipes composées chacune de cinq agents se relaient à Sénou. De 8 heures à 18 heures pour la première équipe; puis de 18 heures à 8 heures le lendemain pour la seconde équipe. L’équipe de jour entame la journée par un briefing de l’équipe de nuit et vice versa.
Le 6 janvier 2015, Mme Fanta Coulibaly qui coordonne l’équipe du jour, procède ainsi à la répartition de ses collègues par poste : deux agents sont affectés au départ des passagers, un au salon d’honneur, un autre à l’embarquement et un dernier à l’arrivée. Cette répartition peut varier en fonction de l’affluence des passagers comme ce fut le cas ce jour-là, avec l’arrivée de plusieurs vols. L’équipe de santé Ébola s’adapte aux flux des voyageurs, au départ comme à l’arrivée.
Mme Coulibaly explique que son équipe travaille avec les agents des Centres de santé de référence (CSREF) des six communes de Bamako. Aussi, quand un « agent de santé Ébola » est absent, il est immédiatement remplacé par un homologue du CSREF.
Au départ, tous les passagers sont soumis à une prise de température avant même d’atteindre la salle d’enregistrement des bagages. Une deuxième prise de température est effectuée à la sortie de la salle d’embarquement. La température relevée est alors mentionnée sur la carte d’embarquement qui est ensuite cachetée. Aucun passager n’a accès à l’avion si sa température et le cachet avec la mention « contrôle sanitaire » ne figurent sur sa carte d’embarquement. A l’arrivée, les passagers sont également soumis à des contrôles de température.
En déjà trois semaines de présence à l’aéroport - du 15 décembre 2014 au 6 janvier 2015-, l’équipe de santé n’a décelé aucun cas de maladie à virus Ebola. Deux personnes ayant présenté des températures élevées -entre 38 et 40 degrés- ont été mises en observation. Les analyses ont conclu à un simple rhume et un accès palustre.
Cependant, il arrive que certains passagers refusent de se soumettre au contrôle sous le prétexte qu’ils se portent bien.
« Nous les prenons à l’écart et discutons avec eux. Suite à cette sensibilisation, ils se montrent davantage coopératifs », ajoute Mme Coulibaly, toute heureuse de sa mission.
Même si le travail se passe bien dans l’ensemble, les agents de santé qui ont été recrutés pour une période de trois mois souhaitent que les passagers transitant par Bamako-Sénou soient au préalable informés de ces nouvelles dispositions de prise de température, parce que c'est aussi indispensable que l’enregistrement des bagages.
Selon la situation de la lutte contre la maladie à virus Ebola fournie par les autorités maliennes le 12 janvier 2015, « depuis le 16 décembre 2014, il n’existe plus aucun cas de maladie à virus Ebola au Mali. Sur sept cas confirmés, cinq ont entraîné des décès, et deux ont été guéris ».
Au Mali, l’UNFPA est membre du Groupe technique communication Ebola piloté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A cet effet l’agence reproduit et diffuse des supports de communication sur Ebola. Des affiches avec des messages de sensibilisation sont visibles dans la capitale malienne.
Moussa Baba Coulibaly