Monsieur le Premier Ministre ;
Monsieur le Ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine ;
Monsieur le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle ;
Mesdames, Messieurs les Ministres Représentants des Services Etatiques ;
Mesdames et Messieurs les Partenaires au Développement ;
Madame la Représentante Spéciale Adjointe Coordonnateur du SNU et Coordonnatrice Humanitaire ;
Chers Collègues du Systèmes des Nations Unies ;
Mesdames, Messieurs les Représentants du Secteur Privé, de la Société Civile ;
Mesdames, Messieurs, Honorables Invités en vos rangs, grades respectifs ;
Chers Amis Jeunes.
La question de l’emploi des jeunes au sahel demeure une préoccupation majeure qui nécessite une réponse adéquate appropriée, systématique et durable. Du fait qu’ils représentent une part importante de la population générale, et qu’ils sont souvent en situation de vulnérabilité socio-économique, les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage endémique et sont les plus exposés au risque d’enrôlement dans des mouvements qui conduisent à la violence et aux actes terroristes.
Dans le Sahel en général et plus particulièrement dans la zone du Liptako-Gourma comprenant les zones frontalières entre le Burkina Faso, le Mali, et le Niger où les défis sécuritaires sont plus importants, plus de 47% de la population a moins de 15 ans et environ 8 millions d’enfants de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés, ce qui représente près de 55% des enfants de cette tranche d’âge.
Une autre caractéristique des pays du Sahel est le retard qu’ils accusent dans leur transition démographique qui se traduit par une dynamique démographique très forte qui induit une demande sociale de plus en plus croissante notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la création d’emplois pour les jeunes. C’est ainsi qu’au Mali, la population totale était estimée à 20,3 Millions d’habitants en 2020 et 50% de cette population est âgée de moins de 16 ans. Cette forte proportion de jeunes dans la population Malienne constitue certes un atout mais elle représente aussi un défi qu’il faudra relever dans les années à venir car ces jeunes auront besoin de services de santé et d’éducation et réclameront des emplois pour participer pleinement au développement économique et social du pays
Comme nous avons pu le constater, les Jeunes ont beaucoup souffert de la situation de crise multidimensionnelle que le Mali a connue depuis 2012, mais aussi de la COVID-19 qui a négativement impacté leur potentiel en limitant leurs possibilités d’insertion sociale dans une économie fortement ébranlée par cette pandémie.
Monsieur le Premier Ministre, Chers participants
Avec le potentiel énorme que constitue la Diaspora, à travers notamment les transferts monétaires très importants qui sont d’un apport significatif à son économie, le Mali dispose d’un capital humain d’une haute qualité dans différents domaines d’activités. En effet, selon une étude de la BAD, les maliens de l’extérieur et la diaspora malienne ont injecté plus de 538 milliards de francs CFA en 2017 dans l’économie du pays à travers les transferts d’argent à leurs proches ou/et dans des projets sociaux, par les canaux officiels. Ainsi, ces transferts de fonds représenteraient trois fois le volume de l’aide publique au développement du Mali.
L’apport de la diaspora malienne réside également dans le transfert de leurs compétences intellectuelles ou techniques. L’initiative dénommée « Mobilisation des compétences de la diaspora pour l’emploi au Mali » qui nous réunit aujourd’hui constitue par conséquent une innovation de taille en ce sens qu’elle est multisectorielle, intégrée et inclusive, elle renforce les capacités des maliens ainsi que leur résilience, et intègre la dimension genre. Elle s’inscrit également dans la vision de l’Union Africaine qui est de construire une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée et gérée pas ces propres citoyens, et représentant une force dynamique sur la scène internationale.
C’est pourquoi, je voudrais féliciter le gouvernement du Mali, l’Unesco et les Agences du Système des Nations Unies, les partenaires techniques et financiers et toutes les parties prenantes pour leur contribution de qualité à cette nouvelle dynamique. Je lance donc un appel solennel à tous les partenaires au développement afin qu’ils viennent en aide au Mali pour la mobilisation des ressources financières et techniques nécessaires à la réussite de ce programme afin de continuer à donner aux jeunes la possibilité de libérer tout leur potentiel et les aider à jouer leur partition dans le développement socioéconomique du pays.
Pour accompagner ce processus, l’UNFPA s’est investi au cours de l’année 2020 dans un vaste projet d’étude en vue de produire des évidences qui permettent de renforcer le plaidoyer sur la relation entre la démographie, la paix et la sécurité au Sahel. Ce projet s‘est soldé par un symposium de haut niveau organisé en décembre 2020 sous la présidence de son Excellence, Monsieur Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger. C’est le lieu pour moi de remercier une fois de plus le gouvernement du Mali pour son engagement fort à ce projet.
Je salue encore une fois la diaspora africaine pour sa contribution à la réalisation de l’Agenda 2063, qui est une ambition noble pour l’Afrique et qui reste le guide fondamental et la boussole pour l’avenir du continent.
Il est opportun de rappeler ici que la stratégie de mobilisation des ressources nationales en faveur de l’agenda 2063 implique différents domaines de politiques et de reformes au centre desquelles se trouve la mobilisation des ressources auprès de la diaspora. C’est dire qu’aucune des 7 aspirations qui font la substance de « l’Afrique Que Nous Voulons » ne saurait se réaliser sans la contribution militante de la diaspora africaine, de même : une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et un développement durable, une Afrique dont le développement est axé sur ses citoyens, puisant dans le potentiel de ses populations, en particulier de ses femmes et ses jeunes et prenant soin de ses enfants, ce qui nécessite une participation encore plus active de la diaspora.
C’est à ce prix que nous réussirons la renaissance africaine, renaissance pour laquelle le Mali ne peut pas être un participant ordinaire si nous jetons un coup d’œil sur l’extraordinaire richesse du Moyen Age africain dont l’empire du Mali fut l’un des plus grands édifices. Parlant d’expériences plus récentes, il me plait d’évoquer celles du Cap Vert, de l’Inde ou de la Chine parmi tant d’autres qui pourraient inspirer le Mali à mieux exploiter cette niche. En effet, selon la littérature, la diaspora a joué un rôle déterminant dans le développement économique de la Chine par l’arrivée de capitaux extérieurs depuis la fin des années 1970 et jusqu’à nos jours. Près de 75% des investissements issus de l’étranger proviendraient de la diaspora.
C’est pourquoi, et toutes proportions gardées, je voudrais encourager le gouvernement du Mali à tirer davantage profit du potentiel d'investissement que constitue sa diaspora dont le poids dans la population serait de l'ordre de 10 fois celle de la diaspora de la Chine. Il s'agira entre autres de créer un environnement suffisamment incitatif pour encourager la diaspora du Mali, qui apporte déjà énormément dans la prise en charge de la demande sociale, à investir davantage dans les domaines créateurs d'emplois productifs. Les instruments testés ailleurs comme en Chine, en Inde ou au Cap vert pourraient être considérés dans le cadre d'une coopération Sud-Sud.
C’est sur cette note d’encouragement et d’espoir que je souhaite pleins succès à vos travaux