Dans la localité d'Adré, vit une femme qui se bat chaque jour pour inspirer force et résilience à ceux qui l’entourent. À la tête d’une famille de huit enfants, Daraslam 41 ans, a trouvé refuge au camp de transit d’Adré (Tchad) et se reconstruit peu à peu en aidant des femmes qui, comme elle, ont fui la guerre au Soudan.
La crise au Soudan frappe de manière disproportionnée les femmes et les filles .Alors qu’elle est enceinte de plusieurs mois, Daraslam est contrainte de se cacher pendant cinquante jours avant de finalement donner naissance à sa fille dans des conditions particulièrement éprouvantes.
“J'ai commencé à ressentir des douleurs intenses et des contractions prématurées. Sans accès à des soins médicaux appropriés, j'étais terrifiée à l'idée de perdre mon bébé. L'accouchement a été extrêmement difficile en raison de la malnutrition et du stress accumulé”, explique t-elle.
Le lendemain de son accouchement, elle échappe de justesse à une tentative de viol au Soudan par des militaires. C’est alors qu’elle décide de regagner le Tchad pour assurer à ses enfants une chance de survie.
Depuis le début du conflit au Soudan le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (FAS) et le Forces de soutien rapide (FSR), le Tchad a accueilli plus de 604 206 nouveaux réfugiés et 173 124 retournés en provenance du Darfour, franchissant plus de 32 points d' entrée le long de sa frontière orientale. On estime que plus d’un million de réfugiés soudanais vivent actuellement au Tchad.
Le voyage n'a pas été facile pour Daraslam et sa fille qui ont affronté des conditions extrêmement éprouvantes et des dangers constants. La fille de Daraslam échappe de justesse à une tentative des militaires visant à tuer systématiquement les nouveaux nés garçons.
“À notre arrivée au camp de réfugiés d'Adré, j'étais physiquement et émotionnellement épuisée.”C'est là que la mère de famille et son bébé sont prises en charge par les équipes de l'UNFPA et autres partenaires humanitaires dans le Centre Intégré des Services Multisectoriels (CISM) d'Adré.
“Depuis le déclenchement de la crise, nous avons vu des femmes qui ont traversé des épreuves incroyables”. Elles arrivent souvent sans rien. Leur état de santé est souvent préoccupant, surtout en ce qui concerne la santé maternelle et infantile explique Soliri Adete, sage-femme, responsable de maternité d’Adré. Notre mission est de leur offrir des soins essentiels, notamment des consultations prénatales, des accouchements et des soins postnataux poursuit la sage femme.
Grâce à l'accompagnement de professionnels dévoués qui ont mis en place des activités de sensibilisation sur la santé sexuelle et reproductive, ainsi que des services de planification familial, Daraslam reprend progressivement le contrôle de sa vie. L’ancienne travailleuse sociale est aujourd'hui, leader d'un groupement féminin au sein du camp.
Avec l'aide de l'UNFPA, nous avons mis en place des programmes d'entraide et de soutien pour les femmes réfugiées, raconte fièrement Daraslam. Nous organisons des ateliers sur la santé mentale, la planification familiale et l'autonomisation économique poursuit-elle.
“Cette nouvelle responsabilité m'a redonné espoir et un sens à ma vie. J'ai découvert une force intérieure que je ne pensais pas posséder et je suis déterminée à aider d'autres femmes à retrouver leur dignité et leur autonomie”.
Sans nouvelles de son fils de 20 ans, depuis le début de la crise, Daraslam ne désespère pas de retrouver sa trace et continue de se battre pour offrir à ses autres enfants, un semblant de normalité.
À Adré, l'UNFPA, l'UNICEF, l'OMS et la Croix Rouge du Tchad ont mis en place le Centre Intégré Multiservices (CISM) qui joue un rôle crucial dans le soutien aux jeunes adolescentes réfugiées soudanaises comme Ahlam. Ces organisations travaillent ensemble pour fournir des services essentiels en matière de santé reproductive, de protection contre la violence de genre et de soutien psychosocial.