Si cette moto ambulance n'était pas arrivée à temps, je ne sais pas si mon neveu et sa maman seraient encore en vie à l'heure où nous parlons.
— Affonissèkpé Edouard, photographe à Hêvié Houinmin-Daho
Dans les localités reculées du Bénin, où les routes dégradées ralentissent ou empêchent l’accès rapide aux soins, les motos ambulances font toute la différence. À Hêvié Houinmin-Daho, un village enclavé de la commune d’Abomey-Calavi, elles sauvent littéralement des vies.
Un service communautaire vital et gratuit
Chaque mois, entre 6 et 8 personnes bénéficient de ce service à Hêvié, selon Clovis Dossou, agent de santé communautaire qualifié (ASCQ). Ces motos permettent des évacuations rapides vers les centres de santé en cas de complications obstétricales ou d’urgence vitale. Dame Léonie Hounguè, habitante de Hêvié Sogan, se souvient :
Nous n'avons rien payé à l'arrivée et c'est ça qui m'a le plus étonnée. Je pensais déjà à combien ça allait nous coûter, mais le conducteur nous a dit que c’était gratuit.
Ce service, entièrement gratuit pour les patient·es, constitue un filet de sécurité crucial pour les populations vulnérables.
Un partenariat stratégique pour réduire la mortalité maternelle
Ce dispositif s’inscrit dans un partenariat entre le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et le ministère de la Santé du Bénin. En soutien au renforcement du système de santé, l’UNFPA a fourni des équipements médicaux, du matériel roulant (ambulances et moto-ambulances), ainsi que des contraceptifs et produits vitaux de santé maternelle.
Ces équipements contribueront à combler des gaps identifiés par les directions techniques pour renforcer les services obstétricaux et néonatals d'urgence (SONU) , a souligné le Représentant Résident de l’UNFPA au Bénin.
En ligne avec les priorités nationales et les Objectifs de Développement Durable (ODD), les motos ambulances s’imposent comme une réponse concrète aux défis liés à l’accès aux soins obstétricaux d’urgence dans les zones enclavées. Dans le département de l’Atlantique, leur contribution s’est révélée déterminante. En 2024, ces engins ont permis 37 évacuations en urgence pour des complications obstétricales. Grâce à ce système de référence communautaire, les indicateurs de santé maternelle se sont nettement améliorés. Le taux de létalité obstétricale directe est passé de 1,18 % en 2023 à 0,77 % en 2024, illustrant l’impact tangible de cette solution adaptée aux réalités locales.
Des défis à relever pour pérenniser l’initiative
Malgré son efficacité, le système rencontre des difficultés : l’état des routes rend les trajets périlleux et use prématurément les motos. Le financement de la maintenance et la motivation des conducteurs posent également problème.
Clovis Dossou alerte : « Ce matériel est un bijou, mais son entretien nécessite des moyens. Le comité de gestion n’a pas toujours les ressources suffisantes. »
Lui comme d’autres appellent à renforcer ce dispositif, à en augmenter le nombre et à appuyer la durabilité du service.
Les motos ambulances sont bien plus qu’un moyen de transport. Elles incarnent l’accès aux soins là où l’ambulance classique ne passe pas, et sauvent quotidiennement des vies de mères et de nouveau-nés. Pour réduire durablement la mortalité maternelle et néonatale, un passage à l’échelle dans d’autres zones sanitaires du Bénin est aujourd’hui indispensable.