Bertoua, Cameroun. Des sages-femmes et maïeuticiens - hommes exerçant la fonction de sage-femme, tout juste diplômés de l’école des sages-femmes de Bertoua avec l’appui de l’UNFPA, soulagent les souffrances des réfugiés centrafricains dans l’Est du pays en leur prodiguant des soins et conseils.
Selon les derniers chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), depuis 2013 quelque 251232 ressortissants centrafricains ont afflué principalement vers la région Est du Cameroun (data.unhcr.org/car/regional.php).
Il s'agit pour la plupart de femmes en âge de procréer, de femmes enceintes, d'adolescents et de jeunes dont la présence exerce une pression supplémentaire au niveau des établissements de santé hôtes, lesquels manquaient déjà de gynécologues-obstétriciens et de sages-femmes.
Cette situation entrave l’accès aux services de santé maternelle et infantile, de santé de la reproduction, de VIH sida, de planification familiale et de traitement des infections sexuellement transmissibles et des fistules obstétricales.
C’est pourquoi 24 sages-femmes et maïeuticiens de la première promotion issue des nouvelles écoles et diplômée en 2014 ont été déployés par petits groupes dans les formations sanitaires accueillant les réfugiés.
Amélioration du taux de fréquentation des établissements de santé
De l’avis du docteur Yves Bertrand Oyongo, chef du centre de santé intégré de Mbilé -camp de réfugiés-, «avec l’arrivée des sages-femmes, le nombre de femmes qui viennent pour les consultations prénatales est passé de 20 à 50 voire 60 par mois. Le nombre d’accouchements a lui aussi doublé, passant de 15 à 30, et même 35, par mois et cela malgré la forte culture locale qui veut que les femmes accouchent à la maison».
Ces propos sont appuyés par ceux de son confrère le docteur Joseph Réné Boum, responsable du sous bureau de Bertoua dans la région de l’Est. Pour ce dernier, «le taux de partogramme (surveillance de la mère et du fœtus lors de l’accouchement) a augmenté de façon significative dans les formations sanitaires où les sages-femmes travaillent au moins en duo ».
En effet, estimé à 32,14% en décembre 2014, ce taux est passé à 63,64% en mai 2015. Une progression justifiée par la qualité des services rendus par les sages-femmes. Ces dernières, ont d’ailleurs réalisé 41% des accouchements, 62% des consultations prénatales et 35% des conseils en planification familiale.
«J’ai pu renforcer mes capacités en planification familiale, surtout en pose d’implants contraceptifs en raison du nombre croissant de réfugiées demandant ces méthodes», a déclaré Murielle Calixte Omgba, sage-femme en service à l’Hôpital de district de Garoua Boulai.
Outre le renforcement des ressources humaines dans les établissements de santé autour des camps des réfugiés, l’appui de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population, a également permis de renforcer la qualité des offres de services des établissements de santé à travers des dons en matériels et équipements .
« Notre assistance s’inscrit dans le cadre de la réponse humanitaire conjointe du Système des Nations Unies. Depuis le début de l’année, 1 365 femmes réfugiées ont bénéficié d'accouchements gratuits et 1 400 femmes enceintes ou allaitantes ont reçu des kits de dignité visant à leur assurer un minimum d’hygiène vu leurs conditions difficiles », explique Gabriel Tchokomakwa, point focal des questions humanitaires au sein du bureau de l’UNFPA au Cameroun.
Le Fonds organise aussi des séances de sensibilisation afin d’informer les réfugiés sur les méfaits des violences faites aux femmes. Les besoins des adolescents sont également pris en compte en matière de santé de la reproduction.
La formation et l’équipement fourni par l’UNFPA au profit des écoles de sages-femmes fait partie d’un vaste programme visant à améliorer les ressources humaines en santé maternelle au Cameroun. Car, en 2011, seulement 129 sages-femmes avaient été recensées dans le pays, pour un besoin estimé à 5400, selon les normes internationales. Suite à ce constat, dix écoles de sages-femmes ont été créées à travers le pays par le ministère de la Santé avec l’appui technique et financier de l’UNFPA. Fin 2014, 183 élèves avaient terminé avec succès leurs études.