Nouakchott (Mauritanie) Avec ce don, UNFPA vous assure, encore une fois, de son engagement à continuer son partenariat avec les différents acteurs pour rétablir la dignité des femmes atteintes de fistule et aussi dans la prévention vers l’objectif zéro fistule en Mauritanie, a déclaré le directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Dr Benoît Kalasa, lors de la remise de kits fistula pour le traitement des femmes atteintes de fistule au Centre Mère et Enfant de Nouakchott le samedi 11 janvier 2014.
Le directeur régional accompagné d’une forte délégation de l'UNFPA dont le représentant de l'UNFPA en Mauritanie, M. Koudaogo Ouedraogo, s’adressait aux officiels mauritaniens notamment la Directrice du Centre Mère et Enfant Dr Aissata Ba et M. Isselmou Ould Mahjoub, Directeur de la Planification, de la Coopération et de l’Information sanitaire au ministère de la Santé.
« Nous remercions le gouvernement, le ministère de la Santé pour leur engagement dans l’amélioration des conditions de vie de la mère et de l’enfant, l’Association des chirurgiens et au-delà les organisations qui s’occupent de la réinsertion des femmes atteintes de fistule, » a-t-il ajouté.
Pour sa part le représentant du ministre de la Santé, M. Ould Mahjoub, a salué l’engagement de l'UNFPA pour la santé de la reproduction et a réitéré l’engagement du ministère à poursuivre le partenariat. « Nous vous remercions pour l’intérêt porté à la santé à travers vos différentes actions, » a-t-il dit.
Différents partenaires et associations impliqués dans la lutte contre la fistule, de l'indentification des femmes atteintes de fistule, au traitement, à la formation jusqu’à la réinsertion ainsi que le plaidoyer pour la prévention, étaient présents à la cérémonie.
Une nouvelle vie pour d'anciennes victimes de la fistule
Deux femmes qui ont été opérées ont témoigné en marge de la remise de kits qui comprenaient notamment des centaines de moustiquaires pour l’hôpital, des kits fistule 1 et 2 pour les opérations de fistule, des consommables médico-chirurgicaux etc.
Le kit 1 comprend tous les instruments chirurgicaux nécessaires pour faire une réparation de la fistule. L'équipement peut être stérilisé et réutilisé. Le kit 2 comprend des fournitures médicales supplémentaires pour vingt réparations et soins post-opératoires.
Ougueye habite aux environs de Kiffa, située à 600km de la capitale. Elle a la quarantaine et a 5 enfants. Elle a été atteinte de la fistule à 35 ans lors de l’accouchement de son dernier enfant.
«Le travail avait commencé la nuit jusqu’au lendemain à 11 heure lorsque j’ai été évacué sur Kiffa. Mais je saignais déjà avant d’arriver à l’hôpital. J’ai finalement accouché par césarienne. Mais dès ce jour, j'ai senti un changement, je n’arrivais plus à contenir mes urines » raconte-elle.
Ougueye s’est rendue chez la sage-femme Sedi Camara connue dans la localité pour son plaidoyer en matière de santé de reproduction et le soutien qu’elle apporte aux femmes de Kifa.
Mme Camara l’a accompagnée chez un gynécologue qui a confirmé qu’elle avait une fistule obstétricale . « Je suis la présidente de l’Association des femmes volontaires du développement, créée en 1989. Après la confirmation, elle a dû rentrer chez elle et attendre la visite de la mission de l'équipe « Equilibre et Population » un partenaire de l'UNFPA."
En attendant sa réparation, son mari l’a abandonnée et elle n’a pu compter que sur le soutien de sa mère et sa soeur et quelques rares amies.
« Mon mari est revenu apres la guérison. Ma famille était contre mais j’ai accepté pour les enfants. Mais j’ai peur d’avoir d'autres enfants maintenant. Depuis, ma guérison je fais du plaidoyer pour la prévention mais aussi pour la réparation. J’en parle ouvertement sans complexe partout ou je vais», narre Ougueye.
Mme Camara d’ajouter, «c’est une grande commerçante maintenant. Elle a bénéficié du programme de réinsertion. D'abord, on demande aux femmes, parce qu’elles sont souvent abandonnéess et démunies, ce qu’elles veulent faire comme activité generatrice de revenue. Elles sont formees en gestion, en santé de la reproduction, en plaidoyer et en "recrutement "de femmes atteintes de fistule. »
Ougueye a eu la chance de revoir son mari, une autre ancienne victime Chamkha, qui a 39 ans, n’en a pas eu autant. En 1996, à quelques kilomètres de Kaedi, elle a fait le travail pendant un jour ensuite a été acheminée à l’hopital de Kaedi où elle passe deux autres jours en travail.
"J'ai fini par accoucher d’un mort-née parce qu’en ce moment-là, Kaedi n’avait pas de salle d’opération ni de chirurgien ou gynécologue. Apres l’accouchement on m'a acheminé à Nouackchott et j'ai été opéré par un chirurgien viscéraliste mais je n'ai pas été guérie," raconte-t-elle sereinement.
En 2005, Chamkha entend parler du programme de réparation et s’inscrit auprès de la sage-femme de Kaedi qui réportorie les cas de fistule pour la mission de réparation. Sa premiere opération s’est faite en 2007 parce qu’il n’y avait pas de réparation sans la mission. Et depuis elle en a fait quatre. La dernière date de fin 2013.
Pendant tout ce temps, ajoute-t-elle, ma famille ne m'a jamais lâchée. "Mon frère Mohammad m’a accompagnée partout où je suis allée pour le traitement."
Pour ce qui est du remariage, Chamkha dit en éclatant de rire « j’ai peur des hommes, j’ai peur d’avoir des enfants. J’ai tellement souffert que j’ai peur des hommes. »
"UNFPA a beaucoup fait pour moi, c'est pourquoi j'ai tenu à ce que ma vielle mère de 75 ans se déplace pour remercier le Dr Abdellahi Diombar Dieng, le point focal fistule de l'UNFPA," dit-elle.
Elle a longtemps été exclue et stigmatisée mais maintenant elle s’est réintegrée. Actuellement, elle suit une formation pour le plaidoyer et est candidate pour bénéficier de la formation en activités génératrices de revenu.
A la fin de la cérémonie, le point focal fistule de l'UNFPA Dr Dieng a parlé de renforcer la coopération Sud-Sud avec la mise en place d'une prise en charge transfrontalière des victimes de la fistule entre la Mauritanie, le Sénégal et le Mali.